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Pointculture_cms | critique

Ennio Morricone : Queimada

Queimada

musique de film, Ennio Morricone, Queimada

publié le par Daniel Mousquet

Point commun entre révolte, décolonisation et Morricone, Queimada révèle une musique plus pacifique et mélodieuse que le sujet du film.

Sur l’île fictive de Queimada, dans les Antilles, vivent des colons. Walker est l’un de ceux-là. À la fois agent secret britannique et à la fois aventurier, il pousse les esclaves à se rebeller contre la nation colonisatrice, le Portugal, pour obtenir leur indépendance. Mais, dix ans plus tard, il revient pour défendre les intérêts de la Compagnie royale du sucre.

En 1959, à une époque où les colonies volent en éclat, le film montre l’hypocrisie libérale des grandes nations : d’un côté, accepter l'indépendance des peuples et de l’autre, garder les rennes de l’économie libérale, continuer le pillage des ressources naturelles et brider la population.

Ennio Morricone signe de jolies mélodies, surtout celles se rapportant au personnage José Dolores. Mais le morceau le plus emblématique est le thème du film « Abolição ». Son instrumentation marque nettement la différence entre Nord et Sud. Un thème oppressant de quatre notes est joué à l’orgue puis décliné en de multiples variations. Lui donnant réponse, un rythme léger joué sur des congas apparaît tout le long du titre. Le choix des instruments n’est pas anodin : l’orgue d’église symbolise l’Occident et le dogme, le pouvoir des nations dites civilisées, tandis que les congas, originaires d’Afrique mais répandus dans les Antilles et au-delà, symbolisent de manière continue, voire hypnotique, l’asservissement puis l'éveil progressif des esclaves et leur révolte. Un chœur répète continuellement le mot « abolição », comme un écho infini.

Ce morceau grandiose évoque un opéra où se joue le destin du peuple dominé. La répétition du terme abolition semble remporter la bataille, telles les trompettes le long des murs de Jéricho. Du grand Morricone !


Texte: Daniel Mousquet

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