TOPOGRAPHY OF THE LUNGS (THE)
Evan Parker, saxophones; Derek Bailey, guitare; Han Bennink, percussion.
Réédition d’un album historique, premier enregistrement édité par le label indépendant Incus. C’était en 1970. J’ai emprunté jadis ce titre en microsillon, à la Médiathèque. Aujourd’hui le radio réveil m’extirpe du sommeil au son de vieilleries ineptes (« Polnareff, « Dans la maison vide… ») et jamais au son de « topography of the lungs ». Ce qui est anormal! Je me sentirais mieux, dès le matin, dans un monde crédible, qui ne cache pas ses encombrants sous les meubles. Quand le saxophoniste Evan Parker intitule son album « topographie des poumons », cela relève du manifeste. C’est l’immanence du souffle, de l’appareil souffleur à moitié d’homme à moitié instrument, c’est un traité d’organologie saxophonique à la Deleuze qui est mise en avant. Et du souffle, il y en a, en abondance, mais plié, repliée, déplié, re-replié, et la musique suit les plis, les brisures, les ramures, les angles, les articulations biscornues. Une économie esthétique du tranchant oblique, du fouillis consciencieux, jeté dans sa confusion originale et inventorié avec rage.