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Pointculture_cms | critique

EVANESCENCE

publié le

Scorn, c’est surtout l’histoire de deux musiciens hors-normes et Evanescence, leur troisième album, est étrangement annonciateur du mouvement dubstep qui se développera bien plus tard.

Scorn est le projet de deux musiciens britanniques, le batteur Mick Harris et le bassiste Nicholas Bullen. Ils sont tous deux membres fondateurs de Napalm Death – un groupe qui est considéré comme le chef de file d’une division du métal appelée grindcore (un genre qui n’admet que des morceaux de très courte durée, dont les paroles délibérément incompréhensibles sont hurlées sur un tempo extrêmement rapide). Mick Harris est une sorte de légende dans son domaine. Il a perfectionné une technique de frappe appelée blastbeat, une explosion de percussions ultra-rapides qui donne une impression de mur du son et qui depuis est utilisée dans de nombreux genres de heavy métal. Il quitte Napalm Death en 1991 pour rejoindre Painkiller, un groupe de musique improvisée formé de deux autres légendes : le bassiste Bill Laswell et le saxophoniste-producteur John Zorn. Quelque temps plus tard, Mick Harris invite son ancien compagnon de route Nic Bullen à le retrouver pour fonder Scorn, un projet qui s’inscrit dans une mouvance émergente de musique industrielle inspirée du dub, et pour lequel ils ajoutent à leurs instruments de prédilection des samplers et des programmations électroniques.
C’est principalement avec leur troisième album, Evanescence, publié en 1994, qu’ils vont se démarquer et apporter quelque chose de vraiment neuf. L’album fut sacré par le magazine Wire comme l’un des cinquante meilleurs de l’année de sa sortie. Sur cet opus, ils sont accompagnés par Nick Garnett qui joue du didjeridoo et par James Plotkin à la guitare. Ce dernier est également une figure importante dans le milieu des musiques extrêmes. À sa sortie, l’album fut étiqueté dark ambient, terme qui à la fois en dit beaucoup et pas grand-chose. Evanescence est un disque fantomatique, obscur, voire ouvertement déprimant ou angoissant. Les différents éléments rythmiques, à la fois sourds et puissants, sont posés sur des sons parasites, des craquements, des nappes électroniques, des sons métalliques et des bruits industriels, des murmures de voix transformées par différents effets. C’est un album hypnotique dont la basse ronde, clairement mise en avant, fait très nettement référence au dub. Même si les musiciens s’en défendent aujourd’hui, cet album contient bel et bien les prémices du dubstep.
L’album est sorti à l’époque chez Earache (mal aux oreilles, en français), label de métal fondé en Angleterre en 1986, qui publiait principalement du death metal et du grindcore. Eu égard au passé des deux musiciens, il n’est pas étonnant qu’ils soient publiés par ce label, même s’il s’écarte de ces genres par son mélange de musique électronique et de métal.
Ellipsis, un album de remix de Evanescence, sortira en 1995, avec différents interprètes dont Bill Laswell, Autechre, Coil, Meat Beat Manifesto et Scanner. Les bases et l’esprit de l’album initial restent présents et les remixeurs ont veillé à respecter l’aspect glauque et anxiogène de l’original tout en y ajoutant parfois une note de groove.

Brigitte Molenkamp

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