Feu ! Chatterton : "L’oiseleur"
Cette sorte de road trip à la fois flamboyant et tortueux, enregistré aux côtés de leur fidèle producteur Samy Osta, compte treize pépites conçues dans une maison perdue dans les Landes et un home studio parisien.
Dans un
premier temps, les chansons, accrocheuses, exploitent la filière pop rock
sauvage comme la planante intro « Je ne te vois plus » qui
débouche sur une superbe envolée, la ballade
explosive « Grace » ou l’impétueuse « Ginger », une cavale cinématique seventies mise en valeur par des chœurs féminins. Sans oublier le douloureux
« Souvenir » qui cite « L’Adieu »
d’Apollinaire : « Nous ne nous reverrons plus
sur terre / Dit le poème / Le passé vient plus vite qu’on ne pense / À genou,
j’implore ciel et mer / Et ce brin de bruyère / Un souvenir pour
récompense ».
Mais, peu à
peu, le groupe s’autorise quelques écarts musicaux en s’aventurant à
contre-courant vers des pentes plus expérimentales et une ambiance de plus en
plus électronique. Empruntant, çà et là, des chemins très variés aussi bien
synth-pop (« Ana ») que krautrock (« La fenêtre »), hip-hop
(« L’ivresse » et « Tes
Yeux Verts »), classique, minimaliste (« Erussel Bales (Les
ruines) ») ou jazz.
La dansante et éthérée « Zone libre », résume bien toutes ses
explorations musicales au travers d’un texte de Louis Aragon qui sur fond de France occupée évoque le désespoir
d’un cœur brisé.
Ce voyage impressionniste discrètement teinté de psychédélisme s’achève avec le dépouillé « Le départ », une très longue plage de huit minutes qui adapte trois poèmes de Paul Eluard.
Caché derrière sa plume romantique, lettrée et poétique, Arthur Teboul, notre chanteur-auteur au langage suranné et à la voix éraillée exaltée, glorifie l’amour perdu, la mort, l’absence, la solitude et les souvenirs.
D’autre part, nos quatre musiciens : Clément Doumic, Sébastien Wolf, Antoine Wilson et Raphaël de Pressigny nous emmènent dans une odyssée musicale dentelée à la fois fougueuse et apaisée, entre pop rétro et expérimentation. Nos dandys jouent avec les ruptures de ton, la majesté des cordes classiques et triturent autant claviers que guitares.
Bref, une escapade hétéroclite de haut vol, pleine de spleen, qui devrait en envoûter plus d’un.
À découvrir absolument !
Céline Lépinois.