Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Pointculture_cms | critique

FEVER RAY

publié le par Igor Karagozian

Fever Ray

Fever Ray est le projet solo de la chanteuse, multi-instrumentiste suédoise Karin Drijer Andersson, plus connue pour être la moitié du duo electro-pop The Knife. <i>Fever Ray</i>, son premier album, détient quelque chose d’irrésistible à partir de la seconde écoute. La musique et le chant nous parviennent comme les reflets d’une surface vitreuse où tout serait un peu trop lisse et sans force, avec ces claviers creux et légers, ces boîtes à rythmes un peu clean, ces percussions de grande surface, cette voix désincarnée que la chanteuse module avec succès, ces accords évoquant Kraftwerk (« Seven ») ou ces mélodies trop belles comme dans « Dry And Dusty ». Une pâle imitation d’autres manœuvres orchestrales plus sombres ? Non, le reflet d’un monde inaccessible. Cette faiblesse apparente, cet aspect irisé, indirect et anémique, sont les qualités premières d’un album très subtile. Sa force est sous jacente. Sa beauté spectrale tient à ce que rien n’est trop appuyé : les sons électroniques sont d’une exquise normalité. La boucle grave de « If I Had A Heart » et la frappe de « I’m Not Done » valent à elles seules le détour. Au lieu de chercher la profondeur, la musicienne tend vers la surface, elle nous atteint comme un dauphin qui revient du fond de la mer. <i>Fever Ray </i>forme tout entier une étrange ballade nocturne, parfois glaçante (« Concrete Walls »), aux couleurs de la vie après la mort, où le personnage, en l’occurrence la chanteuse Karin Dreijer Andersson, vit des expériences pour le moins inattendues et les traduit en mots justes ne manquant pas d’humour. Ce n’est pas un hasard si cet album sonne d’abord creux, tant le personnage, d’une chanson à l’autre, incarne des créatures qui n’ont quasi plus rien d’humain. Pour un album electro-pop, ce qui est le cas, <i>Fever Ray </i>n’est pas de ceux qui vont réchauffer l’atmosphère des night-clubs, il serait plus propice à inviter toutes les âmes en peine, toutes les entités en mal de corps à trouver un réconfort chaleureux de ce côté-ci du miroir. Chaque chanson est un petit cauchemar émouvant. <i>Fever Ray </i>évoque la vie et la mort mais toujours selon un angle original. Musicalement ce disque est d’une grande sobriété, déployant des motifs, des nappes, des structures rythmiques et des <i>samples</i> pondérés et bien balancés, dont le rayonnement rappelle l’univers perdu d’un Ian Curtis au pays d’un Tim Burton sans artifices. S’il fallait comparer <i>Fever Ray </i>à un film, ce serait pourtant sans hésitation à <i>Morse</i> du réalisateur suédois Tomas Alfredson.

Pierre-Charles Offergeld

Classé dans