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Pointculture_cms | critique

COSMOGRAMMA

publié le

Une musique de toutes les musiques par un mec qui sait tout faire.

 

 

 

 

De ce Californien vieux d’un peu plus de 25 printemps, il serait presque déplacé de dire qu’il « est tombé dedans (la musique) quand il était petit » tant son arbre généalogique ploie sous le faste de branches exceptionnelles. Sa grand-mère (de son vrai nom, Marilyn McLeod) a signé quelques jolis tubes de la Motown et sa grand-tante Alice a réussi à se tailler un prénom à l’ombre de ce véritable séquoia du jazz et de la musique du vingtième siècle, John Coltrane.

Un héritage que le garçon identifie à une impulsion tant sa démarche relève du parcours d’un entêté fonceur qui multiplie les casquettes (producteur, DJ, multi-instrumentiste et pourvoyeur de beats malins...) pour s’accaparer – avec une effarante facilité – d’une zone interstitielle située à la jonction d’un paquet de territoires électroniques pas forcément contigus, mais portant indubitablement son empreinte. En trois albums - 1983 (2006), Los Angeles (2008) et l’actuel Cosmogramma - et un parrainage au sein de la prestigieuse écurie anglaise Warp dès le second, l’Américain s’invente sans avoir l’air de forcer, un idiome musical qui part d’un abstract hip-hop (complexe, virtuose et souvent sans parole) qui n’a pas coupé les ponts de ses origines à une electronica dézinguée, en y perfusant à foison sub-bass maladive (dubstep ?) et bizarreries 8 bits (sons tirés des consoles de jeux vidéo). Le tout ouvragé avec une incontestable sensibilité jazz et construit selon un sens du découpage temporel qui le rapproche de la pop.

Le miracle chez Flying Lotus, c’est que l’on se sent tout de suite chez soi, que tout paraît couler de source, qu’on a l’impression de suivre Squarepusher dans ses délires les plus maniaques depuis un siège en cuir du Cinematic Orchestra ou d’assister en direct à un passage de témoin d’une figure historique de Warp (ex : Amon Tobin) à une autre (le prometteur Gonjasufi).

A cet égard, Cosmogramma délaisse la sécheresse et l’arythmie sophistiquée de son prédécesseur pour s’offrir de nouvelles expéditions électro-acoustiques en mode ludique, voire carrément  psychédélique. Les invités se bousculent au portillon mais c’est Ellison (Flying Lotus himself)qui tient fermement la barre. Thom Yorke, admirateur déclaré du bonhomme, fait de « …And the World Laughs with You » un brasier incandescent de mélancolie où se consume le deuil d’une mère qui vient lui être enlevée. Ravi Coltrane est de la revue aussi, mais à l’arrière plan, comme le régisseur d’un théâtre d’ombres jazzy (lunaires « German Haircut », « Arkestry »). Un clin d’œil à tantine (« Drips/Auntie’s Harp ») et une partie de ping-pong avec une voix de fantôme plus loin (« Table Tennis » et la sirène Laura Darlington), voilà notre lotus volant titillé par l’envie de s’amuser un peu. Il perfuse directement du goudron de basse dubstep sous sa techno (« Nose Art »), diffuse un léger parfum disco/soul dans son crunk intersidéral (« Do The Astral Plane ») et se fait sa petite musique de film perso avec harpe céleste et violonades lévitant en plein ciel.

Ce type sait tout faire !

Yannick Hustache

 

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