PLANTER LE DÉCOR
Découvert dans les années nonante par Dédé Fortin
des Colocs, premier prix des musiques indépendantes en 2001, Fred Fortin
s'affirme depuis plus d'une décennie comme étant l'une des figures
les plus marquantes du rock alternatif de la Belle Province. Souvent et aujourd'hui
encore boudé par les programmations radiophoniques nationales, il se
taille sa part de popularité sur les ondes des radios communautaires.
Plutôt que de s'affirmer chanteur « engagé »,
il préfère se définir comme étant un rassembleur.
Depuis le Plancher des vaches , album dépoli, décousu,
volontairement scatologique, ce chum, ex-Gros Mené, en électron
libre d'une scène québécoise kaléidoscopique, sait
planter le décor. Celui-ci sera féminin, le propos est l'autre,
entre déchirure et amour. Entouré d'Olivier Langevin (guitare),
Dan Thouin (claviers), complices de toujours, sous le couvert d'un folk campagnard,
il nappe son univers de poudreuse espiègle. Dans une écriture
piquée de ruralité et de prolétarisme, il entrelace les
styles. Flirtant entre rock acoustique, réminiscences de la pop anglaise
des Beatles, métissages psychédéliques, bricolages sonores
et ballades sous influences joïl, il malaxe la texture avec énergie
et singularité, arpentant des sentes déjà défrichées
par Réné Lussier, Albert Marcoeur, Plume Latraverse et Urbain
Desbois.
(Brigitte Lebleu, Charleroi)