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Pointculture_cms | critique

FREQUENCY LIB

publié le

Au cours d’un entretien récent retranscrit sur Internet, à la question de savoir s’il vient d’une famille de musiciens, Stephan Mathieu raconte que ses parents se sont rencontrés dans un magasin de disques. Sa mère y travaillait. Son père – […]

C’est à la fin des années 1990 que Stephan Mathieu passe de la batterie à l’ordinateur. Même si à ses yeux, il y a clairement eu une transition ou une articulation, et non une coupure brutale. C’est en effet d’abord pour faire sonner sa batterie « comme il avait envie qu’elle sonne » qu’il commence à faire appel à des outils numériques de traitement du son. Bien vite pourtant, il délaisse de plus en plus les battements de batterie, fasciné par tous les possibles que contient le moindre son naturel si on prend la peine de l’examiner de très très près. Mais, pour lui la quête de cette « musique de sons » est dans le prolongement de ce qu’il cherchait à obtenir avec d’autres moyens (des fûts, des peaux tendues, des cymbales, des bouts de bois et de métal, ses mains, son corps, etc. ) en tant que batteur à la fin de Stol. Pour quelques-unes des premières pièces de sa nouvelle carrière de musicien électronique, Mathieu joue à nouveau de la batterie (pour le Full Swing EP en 2000, par exemple) voire du piano (pour son premier album, Wurmloch Variationen, aussi en 2000) ou de la guitare, mais selon sa nouvelle manière d’envisager sa musique, ce ne sont plus là des fins en soi mais, à chaque fois, une étape qui doit lui fournir une matière sonore acoustique qu’il s’agira ensuite de transformer électroniquement, par exemple en temps réel par des logiciels de traitement numérique du son (DSP/Digital sound processing).
Cette question de la source sonore va être très tôt et très clairement présente dans le parcours (et dans la discographie) de musicien électronique de Stephan Mathieu. Très productif, celui-ci sort une douzaine de disques (sept singles ou EP, trois albums sous son propre nom, un duo et une compilation de singles) au cours des années 2000-2001. Parmi ceux-ci, outre ceux basés sur le retraitement de sons acoustiques qu’il joue lui-même (évoqués ci-dessus), on citera les cinq 25 cm de la série Full Swing Edits sur lesquels il retraite des morceaux, électroniques ou pop, de quelques-uns de ses contemporains (Monolake, Kit Clayton, Akira Rabelais, Laub, Yo La Tengo, etc.) mais aussi l’album Heroin, en duo avec Ekkehard Ehlers, qui les voit retravailler des échantillons de Supertramp, Sigur Rós ou des bandes originales du jazzman Vince Guaraldi pour les Peanuts dans les années 1960. Mathieu affirme clairement ne jamais avoir été tenté de modifier des sons de départ qui auraient pu être générés (facilement) par son ordinateur. « Je veux avoir l’esprit de la source sonore que je traite dans la musique que je crée », affirme-t-il, comme pour expliciter l’importance de ces emprunts, le poids de ces filiations parfois secrètes.
Sorti en 2001 sur Ritornell (label-frère de Mille Plateaux), FrequencyLib, un autre de ces premiers albums solo de Stephan Mathieu, propose derrière son énigmatique pochette colorée à gros pixels 26 vignettes n’excédant, à une ou deux exceptions près, guère les 2’ minutes (parfois même 50’’ ou 16’’). L’ensemble est très varié, voire éclaté. Les morceaux sont parfois hachés ou bégayants (« Mrs. Moon », « Day Is Young »), parfois vaporeux (« hPassage »), évoquent ponctuellement par leurs sons et leur structure le minimalisme américain des années 1970 (« Vivement dimanche ») ou le lyrisme des lentes montées pastorales de Gas ou de Saule (« Monkey », « Gut Nacht »). En plus, même au sein de ces plages courtes, il y a souvent des coups de théâtre, des virages en épingles à cheveux négociés à la limite de la sortie de route, des intrusions subites de sons qui n’ont pas l’air de correspondre à ceux encore entendus dix secondes plus tôt. Mais, derrière cet éparpillement, on sent cependant que ce sont les sons d’origine – et une sorte d’histoire commune qu’ils partageraient – qui donnent une colonne vertébrale au disque. En ouverture, la ritournelle « Stars » à la mélodie de guitare peu retraitée, très lisible, se pose comme un signe clair adressé à l’auditeur quant à ce parti pris structurant.
L’origine précise des morceaux demeure par contre nébuleuse. À l’intérieur de la pochette, le curieux ne trouvera qu’un « All source from the public domain ». Aujourd’hui, une décennie après la sortie de ce disque, on connait l’attirance plus qu’aiguisée de Stephan Mathieu pour les instruments anciens (virginal à l’octave, cithare Phonoharp n°2, etc. ), les appareils vintage de reproduction du son (gramophones, tourne-disque professionnel EMT 930, etc.) et pour les 78-tours des années 1900-1925 (enregistrés par le pavillon, sans microphone). On pense bien sûr à ses 25 cm – pas par hasard le format des anciens 78-tours ! – The Key To The Kingdom (2009) et To Describe Washington Bridge (2011), pour lesquels il part respectivement des bouleversants gospels extraterrestres de Washington Philips (18 chansons, dont deux perdues à ce jour, enregistrées de 1927 à 1929 ; accompagnées d’un instrument qui continue à diviser fans et experts : Dolceola, Celestaphone ou Phonoharp ?) et de 78-tours de Händel de 1946 et 1912. On citera aussi On the Concept of History (un ensemble de quatre 25 cm mono en acétate, se détériorant du coup progressivement à la lecture, quatre phonographes des années 1930 restaurés par Mathieu, douze aiguilles… à UN exemplaire, proposé à la vente sur Internet à un prix évidement très élevé) ou le Untitled String Quartet (for Four Gramophones) commandé par le Groupe de recherches musicales (GRM) et présenté en 2011 à la Gaité lyrique à Paris : quatre gramophones encore, jouant quatre disques en acétate (enregistrés à partir des sons de trois violons de tessitures différentes et d’une viole de gambe), le tout remanié en direct par traitement spectral (intervention à l’ordinateur sur le spectre – fréquence fondamentale et différentes harmoniques– du son) et diffusion sur l’Acousmonium (« orchestre » de trente haut-parleurs) du GRM.
Tout ceci nous mène sur la piste partiellement fausse selon laquelle FrequencyLib serait aussi construit à partir de 78-tours du début du siècle passé (et, du coup, tombés au niveau des droits dans le « domaine public »). Mais, certains sons n’ont pas l’air de coller à cette hypothèse, ont l’air plus récents. Et, en bout de course, on découvre pas mal de réponses sur www.bitsteam.de, le site personnel de Stephan Mathieu FOR THE TRANSLATOR : original text of the musician in English available here > http://www.bitsteam.de/wp/?p=251 : « 26 variations numériques sur quelques airs intimement obsédants Mes parents se sont rencontrés au cours des années 1960 chez un disquaire où ma mère travaillait. Ainsi, j’ai grandi entouré des disques du Top 100 de cette époque. À la fin de l’été 2000, j’ai voulu faire découvrir ces airs à Eva-Lucy, ma fille de deux ans, qui avait l’air de montrer un intérêt précoce mais profond pour la musique pop. Nous nous sommes vite retrouvés avec une collection riche en couleurs de morceaux des Carpenters, Bee Gees, Velvet Underground, Beatles, Be

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