Écoutez le mugissement de l'océan, battu par les vents et peuplé de créatures mythiques, le flux et le reflux de la marée illustrés par les instruments à cordes, Éole déchaîné, puis Zéphyr susurrant un charmant menuet, la belle Thétis endormie, bercée par le doux son de la flûte, la plainte en mineur de Neptune amoureux, le tourbillon léger des Naïades tandis que Triton, dans une robuste arlequinade, les éclabousse de sa queue de poisson. Et pour terminer, vous entendrez le chant plein de « fausses notes » des joyeux marins en permission !
C'est Telemann, le magicien, qui nous fait revivre ce monde aquatique fabuleux dans l'ouverture en Do majeur Hamburger Ebb und Flut [Marée montante et descendante à Hambourg], écrite pour commémorer le centenaire de l'Amirauté de Hambourg en 1723.
L'extraordinaire diversité de cette « musique à programme » est servie la technique sans faille de l’ensemble Akademie für Alte Musik Berlin dont la précision respectueuse du discours n’entrave pas la fraîcheur des émotions et des affects.
Un élément de la multiplicité du créateur est de pouvoir intégrer plusieurs influences à son génie propre pour en faire un tout cohérent. C'est le cas de J.-S. Bach et aussi, d'une autre façon, de Telemann. Par exemple, sur ce CD, les influences de l'ouverture française [Lully] se retrouvent plutôt dans la Suite en la mineur, tandis que les éléments italiens [concertos de Vivaldi ou Corelli] sont visibles dans le Concerto pour flûte à bec alto en Do majeur. créant ce style « hybride » si particulier du compositeur de Hambourg.
Saluons au passage le grand talent de Maurice Steger, à la flûte à bec alto, dans une partie exigeante pour le soliste, soutenu sans défaillance par l'orchestre.

(JDG)