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Pointculture_cms | critique

NUIT DU COUP D'ÉTAT - LISBONNE AVRIL 74 (LA)

publié le

Remarquable tranche d’histoire, la révolution des Œillets n’aurait probablement pas eu lieu sans la radio puisque deux chansons, « E depois do adeus » de Paulo De Cavalho, et surtout « Grândola vila morena », chanson interdite du chanteur […]

 

Remarquable tranche d’histoire, la révolution des Œillets n’aurait probablement pas eu lieu sans la radio puisque deux chansons, « E depois do adeus » de Paulo De Cavalho, et surtout « Grândola vila morena », chanson interdite du chanteur contestataire José Afonso, marqueront le début du coup d’État militaire qui mettra fin à 48 ans de régime dictatorial…

Dans La Nuit du coup d’État - Lisbonne Avril 1974, la documentariste Ginette Lavigne a demandé à Otelo Saraiva de Carvalho de revenir sur la nuit du 24 au 25 avril 1974 telle qu’il l’a vécue. Initiateur, avec quelques camarades revenus comme lui des guerres – que d’aucuns qualifieraient de massacres – dans les colonies africaines, du Mouvement des forces armées, l’ancien militaire s’est prêté au jeu de la reconstitution avec une très grande éloquence. En 57 minutes, cet unique narrateur revient avec verve sur les heures qu’il a passées au quartier général du mouvement, dans une pièce aux fenêtres obstruées, distribuant ordres et missions tout en interceptant les messages sur l’avancée des opérations par lesquelles la révolution arriva.

« Petite main » restée à l’abri des événements extérieurs, Otelo Saraiva de Carvalho n’a rien vécu de l’effervescence du peuple qui accueillit à bras ouverts les instigateurs de cette révolution paisible qui prirent un à un les bâtiments officiels sans jamais brandir les armes.

Les six morts à déplorer tombèrent sous les balles de la PIDE/DGS, police politique de Salazar. Cette dernière sera, tout comme le régime politique en place (l’Estado Novo), dissoute au lendemain de la révolution des Œillets.

Avec une grande sérénité et beaucoup de recul, l’ancien stratège raconte sa nuit du coup d’État, une nuit qu’il a passée entre les plans, les émetteurs radio et les téléphones. Véritable coordinateur des opérations, ce « Capitaine d’Avril » n’en tirera pourtant aucune sorte de gloire personnelle : comme la majorité de ses camarades, il estime n’avoir fait que son devoir, à savoir protéger le peuple, permettant à ce dernier de passer de 48 ans de dictature à la démocratie tant espérée.

Des faits à la fiction…

2Un an avant Ginette Lavigne, Maria de Medeiros passait derrière la caméra pour réaliser son premier long métrage : Capitaines d’Avril rend un hommage tendre et drôle aux principaux protagonistes de cette révolution pas comme les autres. Contrairement à La Nuit du coup d’État - Lisbonne Avril 1974 qui offre un aperçu des coulisses à travers l’intervention passionnante de Otelo Saraiva de Carvalho, le film de Maria de Medeiros suit le capitaine Salgueiro Maia, celui-là même qui força le chef du gouvernement, Marcelo Caetano, à se rendre et à donner sa reddition au général António de Spínola.

Avec toute la douceur qui est la sienne, l’actrice aux talents multiples propose une vision, certes romancée, mais profondément humaine et extrêmement bien documentée de la révolution des Œillets qui valut au film un franc succès, tant public que critique. Le seul éventuel bémol du film réside dans le recours (et donc le doublage en portugais) d’acteurs étrangers, dont l’Italien Stefano Accorsi dans le rôle du capitaine Maia et l’Espagnol Fele Martinez.

Maîtrisant le Portugais comme une vache espagnole, ce détail ne m’a pas gênée outre mesure, aussi ne puis-je que vous inviter chaleureusement à visionner ce film, de même que La Nuit du coup d’État - Lisbonne Avril 1974 – un documentaire et une fiction offrant deux regards complémentaires sur une remarquable tranche d’histoire…

Catherine Thieron

 

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