The Good Doctor ou la médecine autrement
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On suit Shaun Murphy, jeune chirurgien atteint du syndrome d'Asperger et doté de capacités cognitives hors normes qui peine à établir des relations humaines normales. Il vient d'être embauché à l'hôpital St. Bonaventure de San José, en Californie. Mais les membres du conseil d'administration s'opposent à ce recrutement. Le Dr Glassman, le directeur de l'établissement, doit les convaincre que Shaun a sa place au sein du corps médical. Le jeune prodige suscite vite de l'admiration chez certains de ses pairs en mettant son incroyable don au service de ses patients. D'autres, en revanche, n'attendent qu'une erreur de sa part pour le mettre hors course.
L'ombre et la lumière
Le créateur de cette série n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il s’agit de David Shore, scénariste du célèbre Dr House.
Si on retrouve sa patte et quelques tics visuels - le cheminement de pensée de Shaun est illustré par des graphiques- le ton est tout de même différent, aussi différent que le sont les deux héros. La naïveté de Shaun est certainement au moins aussi déroutante que le cynisme de Gregory House. Dans les deux cas, ils sont terriblement drôles et attachants, chacun à leur manière, et bousculent l'ordre établi chez leurs collègues. Ils sont du genre à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Mais ils ne sont pas poussés par la même motivation. Shaun est beaucoup plus positif et ouvert, il n'a pas le même dédain que House pour le reste de ses congénères.
L'aspect médical est traité avec beaucoup de sérieux, avec des cas extraordinaires qui prêtent souvent à sourire dans un premier temps mais qui sont toujours traités avec la plus grande des rigueurs ensuite, soulevant régulièrement des questions éthiques, chères au scénariste.
Tout comme Hugh Laurie excellait dans le personnage de House, Freddie Highmore, 25 ans, que l’on a découvert plus jeune dans Arthur et les Minimoys et Charlie et la Chocolaterie, est très convaincant dans ce rôle où les mimiques et les expressions prennent une importance immense. Shaun est un anti-héros. Sa gentillesse et sa franchise sont on ne peut plus rafraîchissantes, ainsi que les valeurs positives véhiculées par la série. Les esprits chagrins diront qu’elle dégouline de bons sentiments. On leur répondra que la bienveillance, si rare, ne fait jamais de mal...
L'autisme de Shaun n'est pas qu'un simple outil scénaristique visant à rendre le héros différent et la production a fait en sorte d'être au plus près de la réalité, ce que les associations pour les personnes atteintes de cette maladie ont souligné favorablement. Le sujet est au fond universel: il s'agit, avant tout, de raconter comment une différence peut devenir une force et comment, à force d'obstination et grâce à la bienveillance de son entourage, on peut dépasser les obstacles et trouver sa place dans notre société.
Il sera ainsi moins
question d’autisme finalement que de relations humaines. Ces caractéristiques
lui donnent un point de vue différent sur le monde. Shaun met le doigt naturellement
sur nos hypocrisies du quotidien, mais sans jugement, de manière très naïve et
sincère. Une façon de nous faire comprendre le pourquoi de nos actions, ainsi
que de nos erreurs.
Une version originale coréenne
Diffusée en Corée du Sud, la version originale de The Good Doctor a été programmée 2013 et comptait seulement vingt épisodes. Bardée de récompenses (14 prix entre 2013 et 2014), la série a également été saluée par une association sud-coréenne pour sa capacité à mettre en scène et faire connaître la vie de personnes confrontées à l’autisme.
Il aura fallu attendre 5 ans avant de lancer la production de cette série. Les producteurs d’ABC avaient d’abord refusé le projet. Les mentalités n’étaient pas prêtes, au moment de l’acquisition des droits pour en faire une adaptation américaine. Imaginer une personne autiste occuper un poste tel que celui-là, était impensable !
Pour une défense de l'autisme
Ce n’est pas sans rappeler le combat de Josef Schovanec pour lequel « l’autisme est une culture différente, et non une maladie ». Diagnostiqué « Asperger » à l’âge de 21 ans, il en a aujourd’hui 37, n’aime pas être assimilé à cette sous-catégorie des personnes souffrant d’autisme. Docteur en philosophie et diplômé de l’Institut des Sciences politiques de Paris, il écrit et donne des conférences à travers le monde.
"Je pense que l'autisme, c'est une qualité, c'est une façon d'être au monde. En tout cas, ce n'est certainement pas une maladie. L'autisme fait partie de qui nous sommes, cela teinte l'ensemble des traits de la personne, et je pense que cela fait partie de la palette humaine des possibles." — Josef Schovanec