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Pointculture_cms | critique

HOLY DOWN (THE)

publié le

Grave Temple est un trio formé en 2006 par Attila Csihar, Stephen O'Malley et Oren Ambarchi à l’occasion d’une tournée en Israël, en plein conflit israélo-libanais, nous rappelle-t-on. On ne présente plus Stephen O'Malley, l’un des deux membres du […]

Grave Temple est un trio formé en 2006 par Attila Csihar, Stephen O'Malley et Oren Ambarchi à l’occasion d’une tournée en Israël, en plein conflit israélo-libanais, nous rappelle-t-on. On ne présente plus Stephen O'Malley, l’un des deux membres du groupe SunnO))), actuellement un des collaborateurs les plus à la mode dans le milieu des musiques expérimentales. On le retrouve aujourd’hui partout, aux côtés de Merzbow, de Pita (KTL), de Julian Cope, de Boris… Oren Ambarchi, lui, est un musicien expérimental australien, dont les CD, sortis chez Touch entre autres, ont été acclamés comme de petits chefs-d’œuvre de subtilité. Attila Csihar, enfin, est le chanteur du groupe hongrois Aborym et est aussi actuellement le chanteur du mythique groupe black métal norvégien Mayhem, depuis le départ de Sven Erik Kristiansen. Oren Ambarchi avait déjà collaboré avec Attila Csihar au sein de Burial Chamber Trio, groupe dont le line-up était complété par Greg Anderson, l’autre membre de SunnO))), en lieu et place de Stephen O'Malley.


L’album débute étrangement dans le calme, avec quelques sons électronico-guitaristiques qu’on imagine provenir du kit d’Oren Ambarchi, tandis que, lentement, très progressivement, monte le son des guitares d’Ambarchi et O’Malley. Il faut ensuite attendre quelques minutes de ces drones pour qu’ils soient rejoints par les vocaux si particuliers d’Attila Csihar, tout en grognements et en chuchotements de mauvais augure. Stabilisé à ce point, le groupe poursuit en cet équilibre précaire entre une harmonie quasi religieuse et une angoisse menaçante pour évoluer ensuite, après une quarantaine de minutes vers un final où Ambarchi échange sa guitare pour une batterie, déclenchant une soudaine avalanche percussive, évoquant autant le free-jazz que le métal. La tension accumulée jusque-là est alors libérée et le dernier quart d’heure du disque se déroule en une échappée cathartique digne des cavalcades métalliques les plus intenses. Épique semble un qualificatif approprié. Rituel, un autre. Suivant les codes établis du black métal, on oscille continuellement entre la chevauchée de Walkyries et la messe satanique. Les drones électroniques et les guitares d’Ambarchi et d’O’Malley se fondent en un mur du son cérémoniel, par-dessus lequel officie Attila Csihar, comme en transe, parlant et alternant râles et malédictions.


Parmi les collaborations les plus réussies du prolifique Stephen O’Malley, cet album, enregistré live, parvient à une texture à la fois inquiétante et relaxante. Il est construit sur un canevas qui va du calme au calme, en passant par une phase infernale après laquelle on ne sait trop si le héros est mort ou vainqueur. Reproduisant la structure typique d’un concert de ce genre, tout en accumulation progressive de couches sonores et en montée progressive de la tension, jusqu’à l’explosion finale, cette construction convient à merveille à une musique où l’énergie se calcule au poids et non à la vitesse.


Benoît Deuxant

 

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