BODIES AND MINDS
Et si le nouvel album de ces Canadiens portait bien son nom ? Distillant
avec brio ce que l'on pourrait appeler du « néo-folk country »
(n'ayez crainte, leur musique, elle, est simple et juste), ils oscillent entre
des élans mystiques d'une part et des gouttes de sueur (parfois des pleurs)
de l'autre. Sur certaines plages, le corps et l'esprit se rejoignent. Ce sont
les morceaux les plus réussis : moments de pur bonheur. En flirtant
avec les clichés du genre sans jamais y tomber, en évoquant parfois
Will Oldham ou Neil Young, sans que ces références ne leur fassent
de l'ombre - car à la mélancolie du premier et à la
ruralité du second Great Lake Swimmer substitue la spiritualité -
ces musiciens nous parlent de choses éternelles et neuves à la
fois. Pas étonnant dès lors que l'album ait été
enregistré dans une église ! Dès les premières
secondes, le ton est donné : guitares, banjo, basse, batterie et
une voix éthérée qui semble invoquer Dame Nature (rejointe,
sur une des plages, par un chœur pour mieux s'envoler). Au passage, on
peut entendre, le mot « neige » ou « ciel ».
Rien de neuf. Vous avancerez ? Non, Great Lake Swimmer ne nous
apprend rien, il nous aide à redécouvrir : le présent
est tout aussi précieux.
Ce que l'histoire ne dit pas, c'est où se trouve l'église. Si
c'est dans une forêt, en bordure d'un lac… Nous n'en sommes pas
surpris et la boucle est bouclée !
À écouter :
Neil
Young : « On the Beach »
Will
Oldham : « Joya »
Et aussi la plupart des groupes de la nouvelle scène canadienne
qui est l'une des plus inspirées en ce moment et ce, dans des genres
très divers. Citons en vrac : The
Arcade Fire, Feist,
The
Silver Mount Zion Memorial Orchestra, Ron
Sexsmith, Buck
65.
(Maxime Coton, La Louvière)