MYSTERIOUS SKIN
Deux adolescents, deux destins faussés liés par un secret inavouable.
Adapté du roman éponyme de Scott Heim, Mysterious Skin réussit le difficile pari de traiter d'un sujet épineux (la pédophilie)
sans entrer dans le cercle vicieux de la dénonciation moralisatrice.
En offrant deux points de vue en parallèle, Gregg
Araki (Doom Generation) expose de manière réaliste
et nuancée le traumatisme indélébile; avec cynisme ou oubli
en guise d'exutoire, les victimes cherchent, chacune à leur manière,
à retrouver une harmonie perdue. Malgré quelques scènes
à la violente crudité, le réalisateur tourne le dos à
l'exhibitionnisme impudique et lui substitue un lyrisme léger et sensoriel.
La caméra subjective caresse les lésions à la fois vivaces
et pourtant filmées avec beaucoup de pudeur. La mise en scène
envoûtante, laissant derrière elle comme une traînée
de poudre prête à s'enflammer, ajoute une touche d'onirisme au
propos pourtant très concret. Un sujet sordide traité de manière
subtile et suffisamment détachée pour toucher juste là
où il faut sans franchir la barrière de la sensiblerie. Pas
d'accusation, juste des corps égarés, prisonniers de quelques
heures volées.
MA