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Pointculture_cms | critique

HONG KONG

publié le

Robert Henke, le membre permanent de Monolake, naît à Munich en 1969, dans un milieu social qui a à la fois la tête dans les arts (la visite régulière des musées de la ville) et les pieds dans la science, la technique et l’ingénierie (« Tout le monde […]

Protégé par un de ces boîtiers métalliques au logo Chain Reaction embossé, caractéristique des six premières sorties CD du label berlinois, Hongkong propose pour cinq de ses sept plages des morceaux déjà sortis au cours des mois précédents au format twelve inches. Les morceaux sont tous relativement longs, oscillant entre 7’30’’ et 13’, comme s’ils portaient en termes de durée la trace de leur format d’origine (les presseurs conseillent généralement pour un disque vinyle de 30 cm tournant à 45 t/m de proposer entre 9’ et 12’ de musique par face). Mais aussi comme une trace des particularités intrinsèques de la musique de Monolake : le changement lent et très progressif (nécessitant donc des temps de déploiement et de développement longs) de structures rythmiques répétitives, imbriquées les unes dans les autres. Impression d’ailleurs renforcée par le travail des deux musiciens pour transformer ces morceaux isolés, pensés plutôt pour les pistes de danse, en un album pouvant s’écouter en chambre voire au casque : une attention particulière aux détails et aux transitions et liaisons entre les morceaux. La présence de certains éléments récurrents comme les enregistrements de terrain (field recordings) de pluie et de grillons effectués à Hong Kong et Guangzhou [Canton] et qu’on retrouve aussi bien au début et à la fin du premier morceau (« Cyan ») qu’au début du troisième (« Lantau »), tend à ponctuellement recentrer, par ces sortes de rimes sonores, un disque dont les deux familles de morceaux (plus vaporeux et organiques d’une part, et aux rythmiques plus clairement appuyées et marquées dans les basses d’autre part) pourraient, sinon, partir à la dérive dans deux directions fort éloignées. Alors que pour Cinemascope, le troisième album de Monolake en 2001, il utilisera cette fois des enregistrements faits en Corée en 1997, Henke n’hésite pas à confesser une attirance très forte pour ces contrées : « Je suis fasciné par l’Asie. J’y aime la densité des villes, la façon dont elles sont illuminées, la manière dont on y construit les maisons, les contrastes entre des moments extrêmement trépidants et d’autres presque silencieux [qu’on peut y rencontrer]. »
À la suite de Hongkong, Gerhard Behles ne restera au cœur de Monolake qu’un album de plus, pour prendre progressivement une position plus périphérique et laisser Robert Henke d’abord seul aux commandes puis régulièrement secondé par Torsten Pröfrock, alias T++. Les deux complices du début continuant cependant à régulièrement travailler ensemble au point de rencontre entre l’art (la musique) et la technique (même si, pour eux, ces deux champs s’interpénètrent et que par exemple « la [boite à rythmes] TR-808 est une œuvre d’art. (…) On en regarde le circuit électronique comme on lirait une partition orchestrale et on se demande comment sur la Terre quelqu’un a pu avoir cette idée ? Le diagramme de ce circuit irradie de l’élégance. C’est brillant. C’est un chef-d’œuvre ».) En 1999, Behles ira fonder la firme de logiciels Ableton pour laquelle Henke et une série d’autres développeurs travailleront sur un nouveau type de programme de production musicale, Ableton Live, qu’ils commercialiseront avec beaucoup de succès à partir de 2001. À la même époque, Henke crée le label Monolake / Imbalance Computer Music pour sortir une musique de plus en plus subtile au niveau (poly)rythmique et qui s’éloigne de plus en plus clairement de la pulsation carrée de la minimal techno. Une musique à laquelle son créateur aime d’ailleurs se référer en termes de sculpture rythmique.

Philippe Delvosalle

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