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Pointculture_cms | critique

INCUNABULA

publié le

Si le premier maxi du duo anglais paraît en 1991 sous le titre Cavity Job sur le label Hardcore Records, ce n’est qu’en 1993 que le premier album d’Autechre sort chez Warp Records, le jeune label de Sheffield, dénicheur de nouveaux talents […]

En 1992 Warp inaugure sa série « Artificial Intelligence » consacrée à la musique électronique qui s’écoute plus qu’elle ne se danse. Loin de faire s’asseoir les gens, cette série de huit albums et une VHS, parue entre 1992 et 1994 a le mérite de révéler une poignée de nouveaux artistes qui deviendront très influents pour les générations techno, ambient et électro suivantes. « Listen With an Open Mind », telle est la suggestion de Warp qui lance sa série en juillet 1992 avec une compilation réunissant les projets de musiciens qui auront pour noms Aphex Twin, Black Dog, The Orb, B12, Plastikman ou Speedy J. Sur ce premier volume figurent aussi deux titres rares d’Autechre, « Crystel » et « The Egg ». Ce dernier est l’original dont une version étendue, « Eggshell », figure sur (Incunabula), dont le titre entre parenthèses indique qu’il fait partie de la série Artificial Intelligence.
Ultime album (excepté la seconde compilation) et point culminant de la série, (Incunabula) est le premier œuf conçu par Autechre, le bourgeon à deux têtes qui contient et distille toutes les forces et qualités de cette paire d’amis qui se sont rencontrés en 1987, l’un avec son Casio, l’autre avec son synthé Roland 606. Loin du climat rude, acide et tendu entre hardcore et hip-hop de leurs premiers ébats, (Incunabula) regorge de plages électroniques longues, sortes d’aventures de science-fiction, où la beauté synthétique et la simplicité des sons, des motifs et des rythmes déploient des structures translucides d’une texture nouvelle. À la fois soyeuse et liquide, claire et obscure, sinistre et brillante, la musique mélodieuse d’Autechre détient une grande part de mystère tant elle évolue entre deux mondes. Telle une course tranquille, une agitation cool au milieu d’éléments métalliques, cristallins et anguleux, elle évoque un monde dangereux que l’on traverserait main dans la main d’un androïde dont l’allure n’est jamais robotique. (Incunabula) est un chapelet d’expériences qui ne sonne jamais « expérimental ». L’essence de cette musique virtuelle est émotionnelle. Les nappes ont l’air organiques, les ondes, des lasers bienveillants, les rythmes, des frappes amicales et chaque épisode est transporté par une mélodie accessible ou un sample évoquant un souvenir collectif. L’album ne stagne jamais dans l’autosatisfaction, son étrangeté, ses claviers fantomatiques, son caractère hivernal, son minimalisme lunaire et sa palette rythmique demeurent une source de découvertes. Un album qui bondit à son époque dans les charts anglais et dont il fut tiré un single, le puissant et séminal Basscadet.

PCO

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