FILM
Palix est français à plus d’un égard : en effet, le disque produit par Radio France (de la musique expérimentale pour un organisme d’état!) s’inscrit dans la déjà très fournie collection Signature et fait montre d’une rigueur tant dans la qualité de la prise de son que dans l’agencement des structures, le jeu sur les timbres, les hauteurs, rigueur directement héritée de l’école française de musique concrète (Pierre Schaeffer, Pierre Henri) qui, dès les années 50, ouvrait le champ des possibles en considérant le son d’abord comme une matière, un objet et définissant par là même un nouveau type de musicien : collecteur, sculpteur et penseur.
Palix continue dans cette lignée.
Chez lui, tout semble question d’écartèlement. Ainsi, le piano côtoie des sons de moteurs, des bruits de courses automobiles ; un dan bau (instrument monocorde vietnamien) côtoie l'arrivée d'un bateau dans le port de Quiberon. Mais si la mise en relief s’arrêtait là, ce ne serait qu’une drôle d’idée sonorisée, un patchwork comme il en existe tant dans ce genre de musique, peu lisible au demeurant, voire indigent.
C’est sans compter sur le travail sous-jacent de Palix, son idée, son envie de dire. Ainsi, s’il y a emploi simultané d’objets musicaux nobles et bâtards, ceux-ci sont traités de la même manière, avec la même obstination. Le jeu sur la stéréophonie est généralisé et radicalisé : le piano se démultiplie, l’écartèlement devient frontière. Il nous provoque, nous, au centre, dans l’obligation de faire des choix parce que l’oreille, elle, ne devient pas plusieurs.
Suivre les lignes mélodiques ou la frontière (encore une !), jamais tout à fait franchie entre le son naturel (que ce soit celui du piano ou des sons concrets) et ce que le musicien en fait.
Bref, prendre une part active à ce qui se passe, devenir nous aussi acteurs de l’environnement sonore.
MC