Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Pointculture_cms | critique

ÉCHELLE 49

publié le

Sélection du mois d'avril 2006 > Gros Plan : "Penser" ses plaies

La vie passionnante, tumultueuse, sentimentale et héroïque des pompiers du poste de Baltimore, racontée en flash-back par Jack, sapeur-pompier expérimenté, blessé et coincé dans un spectaculaire incendie.
Cuir, latex, caoutchouc, casque brillant en métal, tenues mouillées sentant bon la fumée, ciel brûlant, buildings perçant le ciel de leurs cimes rougeoyantes, lances à eau fièrement dressées d'où s'échappe l'eau en gerbes puissantes, barre métallique lustrée que les hommes étreignent pour descendre au plus vite là où les attendent leurs beaux camions rouges… firemen  ! Le danger omniprésent qu'il faut affronter en équipes soudées comme dans les mêlées de rugby, poussées par le devoir, cristallise le courage, l'abnégation, l'inconscience, l'esprit de corps des pompiers de Baltimore. Le feu dévore tout, provoque la fuite éperdue des proies humaines talonnées par une mort certaine. Le bruit infernal, cousu de crachotements d'émissions radio, de hurlements, de sirènes, d'effondrements… explose sur la bande sonore. Avant-goûts de fin du monde. Le silence. La vie de tous les jours passe avec son cortège de petites misères, de bonheurs simples, familiaux. Persiste au loin la musique des rues, la musique du quotidien. Temps mort. Le capitaine blanchi sous le harnais rassure ses hommes en proie au doute après la mort d'un compagnon et leur parle doucement, fermement, d'une voix rendue sourde par l'abus de tabac et d'alcool. Bizutage bon enfant d'un bleu que tout le monde accueille en riant avec de grandes claques dans le dos, après qu'il se soit publiquement confessé à un faux prêtre.
Ah ! ces camions qui jaillissent du porche de la caserne toutes sirènes hurlantes, fonçant dans la nuit… Bien sûr, si vous ne parvenez pas à remonter la fermeture à glissière de votre veste sans la coincer, si vous enfilez vos chaussettes à l'envers, si vous ne savez pas ouvrir un paquet de biscuits sans les casser, si le vertige vous accable dès que vous montez sur une chaise, ce métier n'est pas pour vous ! Petites respirations dans ce film riche en adrénaline et dégagements toxiques : drague torride entre deux pompiers et deux ménagères, dans un centre commercial, au rayon frais et conserves : présentation (un des pompiers) : « je tiens la lance pour éteindre le feu » cool… Humour potache bis : une oie dans la penderie, un bleu bis qui confesse au faux prêtre qu'il est homosexuel. Après un mariage catholique entre Irlandais, soûleries fraternelles à coups de cocktails « Irish Car Bomb » dans un pub irlandais (tous les pompiers de ce film semblent catholiques et irlandais). Conseil nuptial qui fait mouche : « elle n'est pas assez longue déroule-la ! » Travolta (le capitaine) joue consciencieusement. Le couple fraîchement uni part sur… un camion de pompier ! En contre-point, un thème musical inspiré de la musique de Titanic annonce un drame. Nouvel incendie. Oh ! le claquement des baudriers qu'on ajuste, des haches qui heurtent la ceinture, le choc sourd des casques au sol, le grondement des flammes, les étincelles crépitant en tous sens, l'explosion des matières portées à incandescence… Coucher de soleil aux couleurs radieuses à l'horizon de Baltimore. Pour Jack, notre sympathique héros, les années passent. Un garçon, une fille naissent venant combler le couple d'un bonheur idéal. Mais cruel, le Destin veille…
Ce film réalisé efficacement laisse peu de place à l'esprit critique du spectateur emporté par un torrent d'images spectaculaires et de sentiments un peu niais mais qui font mouche. Apologie du beau métier d'homme du feu, très dangereux (on s'en doute !), exigeant un esprit de sacrifice hors du commun, de l'instinct de conservation, de l'abnégation, de la solidarité, mais qui vaut le coup car on sauve des vies et après on se sent très fiers. Difficile de concilier vie professionnelle exigeante et vie de famille. L'épouse et les enfants ont peur que papa ne rentre pas, mais il est tellement beau en uniforme ! Et aussi, il sauve des enfants en traversant une apocalypse de flammes sur fond d'illuminations de Noël ! Épilogue : un enterrement plein de grandeur et de pompe, hommage au mort qu'on célèbre. Les bannières claquent au vent, les uniformes rutilent, les visages, mâchoires serrées, gardent leur dignité. C'est à peine si une larme perle sur l'une ou l'autre joue. la veuve est belle, très désirable dans la douleur qu'elle refoule. Les enfants ne pipent mot. Le cœur gros, les cornemuses sonnent à tous les échos. Le spectateur étouffe un sanglot et sort en cachant son chagrin.

PC

Classé dans