GAINSBOURG [VIE HÉROÏQUE]
Joann Sfar, tête de file prolixe de la « nouvellebande dessinée », s'empare du personnage de Gainsbourg pour peindre un conte sur l'enfance, la judéité, les femmes, le succès, l'insolence et le dandysme.
En évitant tout biopic hagiographique, Sfar tresse un tissu de moments de la vie de Gainsbourg, les sublime et les détourne à sa manière, livrant un résultat baroque où apparaît un Gainsbourg poète qui n'accorde que peu d'importance à la chanson qui vient toute seule à lui. Sfar parvient à imprimer son style narratif (doubles et animaux parlants, scènes de séduction, …), tout en démontrant un grand appétit de cinéma : musique, danse, animation, marionnettes. C'est inégal, et peut-être davantage convaincant quand les effets ou sous-textes trop appuyés disparaissent, mais ludique et emballant.
On prend beaucoup de plaisir à voir ce détournement audacieux -sans être contre-nature- d'un mythe et à croiser une série de stars d'aujourd'hui jouer les vedettes d'hier (mention spéciale à la diction de Laetitia Casta en Bardot).