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Pointculture_cms | critique

HAVE ONE ON ME

publié le

Joanna NEWSOM : « Have one on me » (triple CD – Drag City, 2010)

 

Féerie contemporaine

 

newsomMusicienne depuis son plus jeune âge, Joanna Newsom fait partie de ces demoiselles qui devraient en toute logique énerver leurs contemporaines : à l'instar d'une Fiona Apple, la Newsom ne se contente pas d'être jeune et jolie (au point que la maison Armani lui demanda récemment de poser pour ses créations), mais a de plus l'extrême l'audace d'afficher un talent hors normes. Et pourtant, miss Newsom charme plus qu'elle n'agace: si ses premiers pas en solo pouvaient faire grincer des dents avec cette petite voix haut perchée aux accents puérils, elle a su depuis se distinguer avec maestria et néanmoins humilité, son dernier opus, Have One On Me, étant là pour en témoigner.

Faisant totalement corps avec son instrument-fétiche, la harpe, elle s’est peu à peu spécialisée dans la technique de la polyrythmie qui consiste à jouer simultanément plusieurs parties rythmiques, ses doigts sautillant sur les cordes avec une rapidité et une agilité déconcertantes. Cela dit, sa musique n’est pas de celles qui tapent à l’œil.

Après un premier album (The Milk-Eyed Mender, 2004) volontiers ludique et dépouillé qui aurait pu la cloisonner dans la scène freak-folk chère à CocoRosie et Devendra Banhart (avec lequel elle a d’ailleurs collaboré), la belle Américaine s’assure le soutien du grand Van Dyke Parks sur l’album Ys en 2006. S’éloignant du format « chanson », elle signe cinq titres d’une durée moyenne de dix minutes où la harpe cohabite avec les arrangements de cordes luxurieux du légendaire producteur. Ys vaudra à son auteure la couverture du très sérieux (et sélectif) magazine anglais Wire, ainsi que pléthore de critiques dithyrambiques.

Autant vous dire que la barre du troisième album était placée très, très haut…

 

La preuve par trois

Bien que n’étant pas un album « simple », Have One On Me brille néanmoins par son accessibilité : plus facile d’approche que ses prédécesseurs, en tous cas bien plus mature que The Milk-Eyed Mender et moins ambitieux que Ys (malgré sa durée), il renferme sur trois CD plus de deux heures de féerie contemporaine et de douceurs éminemment féminines qui fleurent bon les réminiscences de Kate Bush.  Les arrangements délicats signés Ryan Francesconi s'éloignent radicalement de l'opulence de Van Dyke Parks et enveloppent les chansons avec bienveillance et discrétion.

Ce qui étonne à l’écoute de Have One On Me, c’est la nouvelle voix explorée par la jeune femme: suite à un œdème aux cordes vocales qui l’a laissée muette pendant deux mois, Joanna Newsom a dû réapprendre à chanter, reléguant aux oubliettes les accents infantiles de ses précédents essais, malgré une fragilité toujours présente. Celle-ci cohabite néanmoins avec une assurance que l’on retrouvait déjà sur Ys. Et si la durée de ce nouvel album peut décourager l'auditeur potentiel, il est bon de préciser qu'il n'a pas été conçu pour s'écouter d'une traite, comme ce fut le cas de son prédécesseur.

Désarmant de maturité, Have One On Me déploie ses dix-huit chansons comme autant de petites histoires aux textes parfois très longs. Des textes sur lesquels on se penchera avec plaisir, car Joanna Newsom sait trouver le mot juste, ce qui prouve qu'en plus d'être jeune, jolie et talentueuse, elle a oublié d'être bête. Non, vraiment, il n'y a pas de justice !

 

Catherine Thieron

 

 

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