Hat Art : un label qui encourageait les créateurs sans concessions, autant dire une marque kamikaze ! Vous êtes de petits veinards, sans la Médiathèque ce disque ne serait jamais entre vos mains. Joe McPhee joue ici la trompette de poche et le sax ténor : sonorité subsonique, maîtrise absolue de l'instrument. Seule l'idée directrice est prise en compte. Par un subtil mélange de sonorités très « cuivrées », nous assistons le long de ces thèmes très classiques ( Oléo , I remember Clifford …) au retour de l'improvisation collective, comme au bon vieux temps des débuts. Il nous est donc proposé une contemplation active de scènes abstraites rendues extrêmement dynamiques par la débauche de couleurs des plus chamarrées. Laissez- vous charmer, il n'y est pas question de comprendre, mais bien de ressentir tout un flot d'images sonores, et là, vous serez comblés ! Joe McPhee et André Jaume forment ici un tandem d'enfer, continuellement harcelés par les aiguillons aquilains de la guitare d'un Raymond Boni des plus opportuns. Que dire de cette contrebasse ponctuante, portante, indispensable ? Point n'est besoin de percussions   sur ce CD. C'est de la toute bonne création, à la pointe des grandes idées du siècle. On ne peut conclure sans pointer d'un doigt jubilatoire le sublime et très juste solo de contrebasse à l'archet dans Pablo  : du grand Méchali.
(Michel Wulput, Discobus 2)