Un compositeur, théoricien et précurseur du style galant, qui fut en son temps plus célèbre que Bach.                

Les trompettes de la renommée ne sonnent pas pour tout le monde.  Pourquoi a-t-on retenu les noms de Georg Friedrich Haendel et de Georg  Philipp Telemann et oublié celui de Johann Mattheson ?
Les partitions de ce dernier qu'on croyait perdues dans la tourmente de la Seconde Guerre Mondiale sont à nouveau disponibles et n'attendent que la curiosité des musicologues  et des musiciens.  Réjouissons-nous donc de ces récents enregistrements qui nous permettent de découvrir cette musique raffinée et  pleine de  charmes. 

Les deux œuvres  enregistrées  ici ont été composées alors  que Mattheson  était  directeur  de la musique à la cathédrale d'Hambourg,  un poste qui l'a amené à fournir cantates et oratorios.  Le compositeur abordait une nouvelle facette d'une carrière déjà  bien  remplie : chanteur, instrumentiste, écrivain, théoricien, compositeur  d'opéras  mais  aussi secrétaire   de l'ambassadeur d'Angleterre à Hamburg.  Il y a tant à dire de ce personnage que je préfère  vous   renvoyer vers  son autobiographie  « Grundlage  einer  Ehren-Pforte ». 

Parmi les deux douzaines d'oratorios qu'il écrivit, « Die heilsame Geburt » est destiné à l'office de Noël et encadre le sermon. Le texte  provient du récit de la nativité selon l'Evangile de Luc dans la traduction de Luther. La musique fait se succéder chœurs, récitatifs et airs sans aucunes longueurs, dans une recherche de légèreté et de couleurs  instrumentales.  Le chœur se compose de huit chanteurs-solistes au nombre desquels figure  l'Evangéliste dont la diction irréprochable permet de suivre le texte les yeux fermés. Du côté  des instruments:  les cordes et la basse continue comme fondement, la  flûte traversière et le hautbois pour concerter avec les voix, trompettes et timbales pour mettre du brillant dans les chorals. Une immense fraîcheur se dégage de la musique et de son interprétation, que ce  soit dans  l'oratorio de Noël ou dans le Magnificat (destiné lui aussi au temps de Noël) Tout semble simple, allant de soi, rappelant des pages de Haendel ou même de Lully mais détrompez-vous. Rien n'est laissé au  hasard chez Mattheson, avec beaucoup d'art et de grâce, il peaufine de belles volutes mélodiques pour notre plus grand plaisir.

Et selon la formule consacrée: à découvrir !

Anne Genette