MOONCHILD: SONGS WITHOUT WORDS
Mike Patton, voix. Trevor Dunn, basse. Joey Baron, batterie.
Vociférations, couinements, imprécations vomies, onomatopées très musclées. Batterie et basse incoercibles. Basse et batterie dans tous leurs états pour représenter les dynamiques négatives et chaotiques des ténèbres. Chants sans paroles que Zorn déclare transposer les écrits d’Artaud, notamment le « Théâtre et son double ». C’est toujours chic et bien foutu, ça fait de l’effet même si Zorn a du mal à vraiment surprendre. Les plages moins déstructurées, simplement habitées d’une hargne planante, plus rock, sont très excitantes. Allez, elles donnent envie de chanter ! Mais que cela n’empêche pas de poser une question : pourquoi s’inspire-t-il presque systématiquement d’une avant-garde déjà ancienne, souvent française (Duras, Bataille…) ? Au point de tirer des effets et de virer vers des esthétiques désuètes, un peu folkloriques ? Un côté régression, une envie de s’isoler de l’actualité, de prendre de la hauteur ? On sent aussi la construction, l’écriture : dans le genre « je libère les puissances de la destruction », Jazkamer a des aspects plus directs, spontanés.