Contrebande, désorganisation, exactions de l’occupant américain, viols, visions d’après-guerre dans un Japon atomisé, au tissu social désarticulé, mais qui se bat pour survivre.
Au cœur du chaos, bâties sur les règles des anciens samouraïs*, se développent les sociétés de yakuzas** (mafia japonaise) qui proposent une famille et un avenir aux soldats du désastre. En échange d’un certain réconfort moral et matériel, ses membres se soumettent à leurs chefs (oyabun=père=parrain) qui leur concèdent une part des bénéfices tirés de la drogue, des jeux, de la prostitution, de la corruption, et des assassinats. Pour l’homme d’honneur, il est vital de respecter un code de mort exigeant et humiliant. Tous n’accepteront pas. On pleure beaucoup chez les yakuzas. On s’entretue aussi beaucoup et de vilaine manière ! Ces deux films, sans temps mort, d’une efficacité dynamique et visuelle redoutable, gagnés souvent par l’hystérie et les excès tragi-comiques, peuvent être considérés comme des sortes de documents sur les gangs de cette époque et leur fonctionnement. Couleurs saturées, rouge, jaune souffre, vert lentilles d’eau. Ombres goudronnées. Lumières pisseuses. Sensation de piège. Les yakuzas ne sont pas idéalisés. Ils sont machos, sanguinaires, lâches, avides, traîtres, humains en somme. Dans cet univers masculin aux tensions sadomasochistes, la femme - repos du guerrier - devient objet de rivalités érotiques exclusives et mortelles.
Autour de ces antihéros, source d’inspiration pour plus d’un artiste, flotte comme une aura romantique au noir parfum de séduction.
Du même réalisateur, deux autres films de yakuzas (yakuza-eiga) : Combat sans code d’honneur + Le cimetière de la morale (VX1917-DVD).

Lire :

* Jocho YAMAMOTO (1659-1719), Hagakure, le Livre secret des samouraïs, Guy Trédaniel Éditeur, 1999

** David KAPLAN et Alec DUBRO, Yakuza, la Mafia japonaise, Éditions Philippe Picquier, 2002

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