Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Pointculture_cms | critique

ENVOL (L')

publié le par Guillaume Duthoit

Le belge Ivan Tirtiaux sort enfin son premier album solo. C’est que ce songwriter ciseleur prend le temps de trier le bon grain de l’ivraie, abordant la confection d’un album comme on taille un diamant.

Sommaire

Un grand nombre de ceux qui ont pu l’entendre sur scène seul ou accompagné guettait L’Envol de cet oiseau rare à la plume fine. C’est que la justesse de son écriture, subtil équilibre entre épures et fioritures, ne laisse pas indifférent. Les mots sont choisis, pesés et repesés pour exprimer au mieux un chemin intérieur semé de doutes (« Présage », « Pourquoi remettre à demain ? », « Les océans »), bercé ou transpercé par l’amour des femmes (« Je me brûle les ailes », « Tourneville »), influencé par les changements de temps (« Charlatan », « La marche du soleil »), ou encore hanté par les fatalités et les futilités de nos existences (« Ta tristesse », « Graines d’arbres », « Berceuse »). Bref, Ivan se confie à nous, à nous de lui faire confiance. Car, tout ce qui le taraude nous a taraudé ou nous taraudera un jour. À noter aussi, « La guitare », sublime poème de Louis Aragon qu’Ivan interprète merveilleusement en hommage à son instrument fétiche.

Côté musique, ça sent le folk (celui des grands songwriters), le blues et puis surtout les musiques latines, de la bossa nova (« La marche du soleil ») à la morna (« Les océans ») en passant par les rythmes du Nordeste du Brésil (« Pourquoi remettre à demain ? »). Tout ce bouillonnement d’influences est, de par ses couleurs nous invitant au voyage, une vraie chaleur qui caresse nos oreilles les plus primitives. Ceci dit, paradoxalement, il faut bien avouer que cette musique, de par sa sophistication, demande quelques efforts pour atteindre pleinement le nirvana. Mais, rassurez-vous, après plusieurs écoutes, on y accède, à vie.



Pour nous aider à nous laisser pénétrer par les flèches de son arc-ciel, le chanteur-arrangeur-multi instrumentiste s’est entouré d’une kyrielle de musiciens de haut vol tel Raphaël Dumas (mandoline, banjo), Stephan Pougin (batterie, percussions) et Eric Bribosia (piano), pour n’en citer que quelques-uns, sans oublier un somptueux quatuor à cordes pour lequel il a composé des partitions filmiques à souhait.

Ivan Tirtiaux a donc choisi de porter la croix d’une chanson exigeante qui, perpétuellement en recherche d’inédit, ne cède jamais à la facilité. En cela, sa démarche le rapproche des JP Nataf, Bertrand Belin ou Franck Monnet, et de tous les artistes du label Le Saule (Léonore Boulanger, Jean-Daniel Botta, Philippe Crab, Antoine Loyer, Aurélien Merle, ...).
Alors, amateurs de chansons aventureuses et raffinées qui flirtent avec la poésie chantée et se nourrissent de la richesse des discours des musiques du monde, ne boudez pas votre plaisir ! Ivan Tirtiaux est le meilleur représentant belge de cette mouvance qui trouve ses racines chez Dick Annegarn et chez Brigitte Fontaine (période seventies, avec Areski).

Guillaume Duthoit

Ivan Tirtiaux : "L'Envol" (Autoproduction, 2014)

En concert : https://www.facebook.com/ivantirtiaux

 

 

Classé dans