La maladie d'Alzheimer : témoignages, soins et résilience dans le documentaire
Sommaire
Ces deux journées thématiques autour de la maladie d'Alzheimer nous donne l'occasion de nous repencher sur le travail effectué dans la brochure Au pays des vermeilles. Celle-ci apportait une réflexion plus large sur la vieillesse dans le cinéma. En effet, nous vivons de plus en plus longtemps et en relativement bonne forme. Le cinéma se fait porte-parole de cette réalité et nous offre des personnages moins stéréotypés qu’auparavant leur rendant toute leur complexité humaine. Ainsi, dans ce recueil, on retrouve non seulement des films mais aussi des livres, des chansons qui abordent le temps qui passe, les relations humaines, la santé qui défaille et la mort au bout du chemin. Les documentaires plus spécifiques sur la maladie d’Alzheimer se trouvent dans les pages 72 à 74.
Des documentaires plus récents sur cette thématique sont proposés dans cet article. Ils sont pour la plupart disponibles chez PointCulture.
Prendre soin, Bertrand Hagenmüller, France, 2019, 80’
Une immersion dans le quotidien de quatre soignants évoluant dans les unités Alzheimer de maisons de retraite. Aux côtés de Claire, Luca, Antoinette et Lika on découvre ce qui rend le soin possible, les gestes d'un métier méconnu, fait de patience, d'habileté, d'intelligence, de tendresse et souvent d'amour. Malgré la raison qui s'échappe et la mort qui approche, malgré le temps qui manque pour faire son travail, on est traversé par la beauté des échanges avec les résidents, la force des regards partagés et l'authenticité des liens qui se tissent. Loin des représentations habituelles, ce film nous offre un regard poétique sur la relation qui se noue, jour après jour, entre soignants et résidents. (Extrait du dossier de presse)
Mother, Kristof Bilsen, Belgique, 2019, 82’
On est en Thaïlande dans un centre de soins pour patients occidentaux atteints de la maladie d’Alzheimer. On suit discrètement Pomm, une jeune mère thaïlandaise, aide-soignante qui va croiser le destin d'une famille suisse inquiète, dont la mère est atteinte de démence précoce et qui prend la décision de la faire soigner en Thaïlande. Ce film explore notamment les questions liées à notre incapacité à prendre en charge personnellement nos proches et à devoir les confier à d’autres. L’impact émotionnel, tant des familles que des soignants, est montré avec justesse.
Manu, Emmanuelle Bonmariage, Belgique, 2018, 92’
Manu Bonmariage, décédé en 2021, était un réalisateur, bien connu de la télévision belge, entre autres, pour les nombreux épisodes de Strip-tease qu’il a réalisés. Quelque temps avant sa mort, aux prémices de la maladie, c’est sa fille qui passe derrière la caméra et qui réalise le portrait d'un homme, proche des personnages du cinéma direct qu'il a tant aimé filmer. Alors que sa mémoire lui joue des tours, elle le suit, cherche à saisir son identité profonde, celle de l'homme, mêlée à celle du cinéaste.
Mon vieux, Marjory Déjardin et Elie Semoun, France, 2020, 53’
Pour ne pas oublier et pour s’aider à traverser l’épreuve, l’humoriste Elie Semoun filme les dernières années de son père, atteint de la maladie Alzheimer. Il capte des moments typiques de cet équilibre précaire qui fait le quotidien d’une relation entre un malade et un aidant: entre dépendance, partage et soutien, dévouement et agacement, fatigue et incompréhensions, impuissance et colère. Malgré l’amour et la complicité, les reproches et les engueulades sont au rendez-vous ! À partir de sources audio-visuelles diverses (photos et films de famille, interviews, enregistrements, séquences filmées au téléphone en caméra subjective, d’autres en équipe, …), il rend ce témoignage touchant presque optimiste et plein d’humanité.
Dans la maison, Karima Saïdi, Belgique, 2020, 90’
Après des années de séparation, la cinéaste retrouve sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer. Bruxelloise née dans une famille marocaine, benjamine d'une fratrie de quatre enfants, Karima tente ici de retisser l'histoire familiale en puisant dans les bribes éparses de la mémoire de sa mère, Aïcha. A l’instar de cette mémoire qui s’effiloche, les plans et les sons sont souvent dissociés pour appuyer ce travail de retissage et de « retrouvailles ». De Bruxelles à Tanger, se dessinent, entre pudeur et aveux, les douleurs, les ruptures, les deuils, et les joies : tout ce qui a rythmé l'odyssée d'une famille marquée par l'exil.
Évoquons encore trois courts métrages d’animation qui, grâce à leur technique, permettent de rendre compte visuellement de l’angoisse, la peur ou l’imaginaire d’une personne atteinte par la maladie d’Alzheimer.
Une tête disparaît, Franck Dion, France, 2016, 9’
Jacqueline, une vieille dame qui n’a plus toute sa tête mais qui, comme tous les étés, est bien décidée à prendre le train pour aller voir la mer. Son voyage prend des allures inattendues et fantasmagoriques. Le cinéaste nous place du côté de cette dame âgée et nous fait entrer dans son esprit désorienté qui pourrait la mettre en danger. Primé au Festival international du film d’animation d’Annecy.
Film disponible sur DVD avec un cahier pédagogique téléchargeable dans la pochette La santé tout court.
Mémo, Julien Becquer, Elena Dupressoir, Jules Durand, Viviane Guimaraes et Ines Scheiber, France, 2017, 4’
L’accent est mis sur les débuts de la maladie d’Alzheimer qui font ressentir perte de contrôle et angoisse à Louis. Mais il veut à tout prix, garder son indépendance face à la surprotection de sa fille Nina et tente de trouver des moyens pour pallier à ses trous de mémoire.
Mémorable, Bruno Collet, France, 2019, 12’
Ce film raconte le quotidien d’un couple, Louis, artiste peintre, et sa femme Michelle, bouleversé par la maladie qui éloigne peu à peu Louis de la réalité. Filmé en stop motion, ces marionnettes en pâte à modeler prennent vie magnifiquement. Cette technique permet de montrer la dislocation de la mémoire tout en finesse et émotion. Primé au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand ainsi qu’au Festival international du film d’animation d’Annecy,