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Pointculture_cms | critique

LARGUE LA PEAU

publié le par Guillaume Duthoit

Largue la peau est LA claque de ce mois de septembre 2015… Et, Sages comme des sauvages, de par la magie qu’ils dégagent sur scène, notre grande découverte de 2015.

Sommaire

Sages comme des sauvages est particulier à plus d’un titre ! Composé de la chanteuse percussionniste Ava Carrère et du chanteur multiinstrumentiste Ismaël Colombani – qui œuvre aussi dans l’ovni musical Vitas Guerulaitis – , le duo propose des chansons denses à danser, chantées en français et en créole, à la fois douces et pimentées, inspirées du maloya de La Réunion.

Ce qui saute à l’oreille d’abord, c’est la fraicheur qui résulte du mélange entre le timbre éraillé (et parfois délicieusement nasillard) d’Ismaël et la voix espiègle d’Ava. L’apparente simplicité du son du duo repose sur une instrumentation savamment choisie pour ses couleurs ensoleillées et des arrangements très inventifs. À ce titre, le travail des cordes pincées (guitare, bouzouki, cavaquinho, violon joué en arpèges) d’Ismaël est vraiment impressionnant. On se régale de ses riffs rythmiques à la fois efficaces et sophistiqués d’où se dégagent ici et là des éléments mélodiques surprenants. Côté percussions, Ava épouse toutes les nuances des cordes d’Ismaël en jouant des pieds et des mains, mais aussi et surtout du defi, un grand tambour sur cadre issu de la tradition persane. Tous ces éléments forment une orchestration minimaliste originale très « musique du monde » (dans le bon sens du terme) qui, en concert, se suffit pleinement à elle-même. Un son bien à eux qui nous remue, qui nous émeut ! Sur disque, on retrouve, en plus, quelques lignes de contrebasse et quelques touches de basson, d’accordéon et de tuba qui sont, somme toute, bienvenues.

On pourrait s’attarder sur chacune des dix chansons composées par le duo, car elles possèdent toutes un charme addictif différent. Personnellement, je craque définitivement pour la voix d’Ismaël dans « Lailakomo », le swing du cavaquinho et la nonchalance vocale de « Les jeunes des villes », les images du texte et le riff mélodique du bouzouki de « La réserve », le créole « Petits Blancs » et l’hommage poignant de « Brindiy a mon zenfan », le refrain envoûtant et les subtilités du texte de « Mon commandant », l’énergie punk du chant d’Ava et du bouzouki dans « Asile Belleville », les harmonies vocales de « Le ruisseau que tu cours », et enfin, le texte mystérieux et le chant abrupte de « La montagne ». Un répertoire sans fautes augmenté de deux reprises bien senties du chanteur réunionnais Alain Péters : l’incontournable « Res la maloya », et surtout, « Wayo Manman » qui nous « chair de poule » et nous largue complètement la peau. Un tout grand moment du disque qui témoigne de l’importance, pour nos deux indiens, de la musique et de la poésie du grand Alain Péters .

Bref, un excellent premier disque pour ce duo décalé/délicat qui nous fait voyager à l’intérieur. À voir absolument en live aussi !

 

Guillaume Duthoit

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