CHANT DES MURMURES (LE)
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La galette est réalisée aux côtés du guitariste Sammy Decoster, de l’ingénieur du son Jean-Baptiste Brunhes et de son partenaire de vie le chanteur arrangeur Pascal Parisot qu’elle accompagne d’ailleurs fréquemment sur scène en tant que choriste et musicienne. Plus peaufinée et plus orchestrée, elle dévoile une construction inventive où tous les instruments sont ingénieusement mixés et joués par couches.
Amoureuse de musique américaine old-time, Fredda a choisi d’habiller ses douze nouvelles chansons pop folk de sonorités mexicaines, reggae, blues ou country. De nombreux sons sud-américains qui évoquent par moment la solitude des grands espaces amérindiens.
Dès le début, on est charmé par la force des atmosphères ainsi que par l’univers métaphorique et onirique qui se dégage des titres. Le premier morceau «Chant de retour» annonce le grand retour de l’amour en ville, une ode à l’ambiance western avec des sons roots qui sonnent comme le souffle du vent après le passage de la cavalcade. Pour contraster, l’énigmatique «Jardins déserts» conduit son hôte, semblable au lierre rampant, vers les vieilles fontaines des jardins déserts. Plus loin, «Le murmure des champs» nous emmène dans un décor enrobé d’un doux battement de reggae et d’un son de rembobinage qui rappelle les vieux films super 8.
Dans l’hispanisant «Calavera », le bluesy «Habitué à moi», le tendre «Michel va m’appeler» et le gracile «L’amour antique», Fredda est plus habitée que jamais pour nous parler d’amour, de perte et d’espoir. Sa voix limpide et délicate se pose gracieusement tel un murmure sur des paysages sonores pastel. Rien d’étonnant donc à ce que l’artiste confie «aborder la chanson de manière picturale depuis toujours, comme des clichés, des photographies musicales».
Ses voyages entre l’Allemagne, l’Autriche et les USA ont influencé notre globe-trotteuse dans le choix de deux reprises : «When I was a young girl («Quand j’étais une jeune fille») qu’elle reprend en français sur le mode de la ballade, et la chanson allemande «Träume» (écrit par Fred Weyrich) de Françoise Hardy qu’elle revisite curieusement sur des airs tsiganes et hawaïens.
Ce son d’ensemble soyeux et raffiné, on le doit d’une part au chant magique, espiègle et fragile de Fredda qui joue avec la phonétique et le son de sa voix. Mais aussi, au travail d’orfèvre de Sammy Decoster et de Pascal Parisot qui arrangent les ritournelles avec beaucoup de finesse. Des ballades fleuries et des complaintes mélancoliques qui procurent à nos sens le plaisir de la contemplation ! Un petit bijou à découvrir sans plus attendre !
Céline Lépinois