Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Pointculture_cms | critique

L’idéologie et l’individu

peupleitalien.jpg

politique, Criminalité

publié le par Michaël Avenia

Un homme d’affaires véreux et un juge zélé. Le seul lien qui les relie est une jeune fille morte et une haine réciproque, viscérale, pour tout ce que l’un représente aux yeux de l’autre…

Véritable jeu du chat et de la souris entre un juge borné et un homme d’affaires véreux, In nome del popolo italiano est une attaque cynique et sans concession à l’encontre de ce peuple italien des années 1970, partagé entre socialisme et libéralisme à tendance néofasciste. Mais Dino Risi n’a jamais milité. Et ce film ne fait pas exception à la règle. Ce que le réalisateur met ici en évidence, ce sont les limites et les barrières que l’idéologie – quelle qu’elle soit – impose à l’humain. Lors de l’une des scènes centrales du film, Vittorio Gassman lance, furieux, cette phrase qui résume à elle seule le propos de cette farce sociale : « Lei mi odia a livello ideologico » (« Votre haine est d’ordre idéologique »). De fait, si le personnage campé par Gassman transpire le mépris et l’autosuffisance, le juge incorruptible interprété par Ugo Tognazzi se laisse facilement aveugler par la haine qu’il porte aux individus arrivistes et sans scrupules. L’un et l’autre voient leurs opinions prendre le pas sur la raison et effacer de la sorte toute notion de libre arbitre.

Sans être passéiste, Risi porte un regard désabusé sur l’Italie de son temps. À la fois bipolaire et terriblement unie dans la bêtise (voir la scène finale, sorte de ballet grotesque où les supporters fêtent la victoire de l’équipe italienne de football), elle tombe en ruine (les routes, le palais de justice) et laisse les déchets (aux sens métaphorique et littéral) s’amonceler sur les plages au sable fin d’antan.

Sans doute moins (re)connu que des films comme Il sorpasso ou I mostri, cette pantalonnade douce-amère vaut le détour autant pour la rencontre de deux grands acteurs du cinéma italien que pour son regard sans concession sur les rapports humains et leurs entraves

Classé dans