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Pointculture_cms | critique

WHEN GOOD THINGS HAPPEN TO BAD PIANOS

publié le

Chroniques en vrac Acid Mothers Temple Ane Brun Be Your Own Pet ! Birchville Cat Motel Black Dog Christina Kubisch Cocosuma Daniel Menche Gallon Drunk Ghosts Hector Zazou Isobel Campbell et de Mark Lanegan Little Annie Martin Dosh Oren Ambarchi […]

sdwgLittle Annie est un drôle de personnage, qu’on voit apparaître de ci de là depuis près de 25 ans. Sous ce nom ou sous le nom d’Annie Anxiety Bandez, elle a contribué des vocaux étranges, surréalistes à des groupes aussi divers que Coil, Wolfgang Press, Crass, Paul Oakenfold, Kid Congo Powers, Current 93, Nurse With Wound ou Bim Sherman…, pour n’en citer que quelques-uns. Sa présence particulière, sa voix rauque et le découpage bizarre, au bégaiement inquiétant, qu’elle fait subir à ses textes, métamorphosant la moindre liste de banalités ( comme sur le morceau « Forty Six Things I Did Today » de Coh) en complainte à l’humour noir grinçant, ont fait d’elle l’invité de choix de nombreux projets.

Depuis ses premières apparitions sur scène avec son groupe Annie and the Asexuals, en passant par son arrivée en Europe pour un 45-tours de Crass (« Barbed Wire Halo » en 1981) ou plus tard le magnifique maxi « I Think Of You » (sorti chez On-U Sound en 1992), on n’avait jusqu’ici eu droit qu’à des apparitions sporadiques, et un album de loin en loin. L’année passée, sortait le splendide album « Songs From The Coalmine Canary » produit par Antony Hegarty, où elle redonnait tout son sens au concept de « torch song ». Elle recréait sans le maniérisme et les clichés habituels de ce genre d’entreprise, une atmosphère decabaret, célébrant l’alcool (« absynth-eism ») et la mélancolie.

Elle revient ici avec un disque de reprises, sur lequel elle est accompagnée par le pianiste Paul Wallfisch, complice déjà présent sur le précédent album. Commençant en force avec une magnifique version de « It Was A Very Good Year », chanson composée par  Ervin Drake en 1961 et rendue célèbre par l’interprétation de Frank Sinatra, elle se promène avec nonchalance dans un répertoire éclectique allant de Charles Aznavour ( « Yesterday When I Was Young ») ou Jacques Brel (« If You Go Away ») à Tina Turner ( « Private Dancer », s’appropriant au passage chaque morceau. Et si en effet l’idée d’un album où U2 (« I Still Haven’t Found What I’m Looking For ») côtoierait Barbara Streisand (« The Summer Knows ») a de prime abord quelque chose d’effrayant, c’est sans compter sur le talent que possède Little Annie de confisquer les chansons et de les détourner vers son univers personnel. Prenant le risque d’attaquer de front un répertoire connu, quelquefois même trop connu, elle démontre qu’elle est capable d’y ajouter une dose de caractère et de personnalité qui en fait oublier la version originale, qu’il s’agisse d’un standard ou d’un tube radiophonique. Et si la plupart des textes sont interprétés intacts, on a dans bien des cas l’impression de les comprendre pour la première fois.

Benoît Deuxant

 

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