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Pointculture_cms | critique

SIGNÉ CHANEL

publié le

Des premiers croquis de Karl Lagerfeld, à la vente aux clientes, ce

Des premiers croquis de Karl Lagerfeld, à la vente aux clientes, ce documentaire fascinant nous plonge dans les arcanes de la haute couture en suivant la conception de la collection hiver 2004/2005 de la maison Chanel.
Muni de sa caméra, Loïc Prigent dresse un portrait tendrement ironique de cette maison de réputation mondiale et de son créateur, tout en faisant la part belle à toutes les petites mains, les premières d'ateliers et les différents artisans. Il fait de la conception de cette collection un feuilleton en cinq épisodes, à la fois très vivant et plein de suspense.
Ainsi, le film commence par L'attente des croquis de Karl Lagerfeld dans les ateliers. Une fois ceux-ci présentés aux trois « premières », l'effervescence commence. Il va falloir réaliser tous les modèles en très peu de temps, pour le défilé. La maison vit au rythme de neuf collections par an. Les premières toiles réalisées, vient Le doute , les hésitations. Les essayages approuvés par le génial concepteur, c'est ensuite le casse-tête pour choisir les tissus. Débute alors la valse des artisans : brodeurs, plumassiers, bottiers, chapeliers. On quitte Paris pour rencontrer une femme étonnante, experte en galons et éleveuse de chevaux. De retour dans le huis clos des ateliers, on découvre Les rites à travers les confidences et les anecdotes amusantes des couturières. Sept jours avant le défilé, la maison fonctionne à plein régime. Les veillées se succèdent, la tension monte. Le jour du défilé, à cinq heures du matin, tout est enfin prêt pour la présentation de La collection
Le film nous offre une immersion rare et intimiste dans cet univers de la mode où des virtuoses de l'aiguille fabriquent du rêve, visiblement ravies de passer de l'ombre à la lumière. À leurs gestes minutieux et patients répond l'agitation de cette « ruche », magistralement orchestrée par Karl Lagerfeld. Tout en évitant le tourbillon d'images, le réalisateur parvient à nous montrer, d'une part, les savoir-faire et les métiers anciens et, d'autre part, la comédie humaine d'une société artisanale, autarcique, au service d'une marque devenue globale.
Un feuilleton documentaire captivant, que l'on soit passionné par la mode ou pas !

CM


À noter : les compléments DVD (52') sont riches et instructifs. Ils sont découpés en trois parties : Les métiers , Les scènes coupées et Les coulisses , avec une interview de Karl Lagerfeld.

 

[1] Dans le très beau texte « L'œil contrôle, le corps écoute : filmer le free » (éditions du festival de Locarno, 2000), Jean-Louis Comolli évoque les difficultés (la quasi-impossibilité) du cinéma àfilmer les musiques qu'il aime et la déception / frustration qui en découle.

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