London is the Place For Me
Intitulé d’après un morceau composé par Lord Kitchener, un de ces passagers de l‘Empire Windrush, London is the Place For Me est une très belle série de disques, parus sur le label Honest Jons, qui explore les musiques des diverses communautés noires de Londres et documente l’histoire et l’héritage culturel de la Diaspora noire de Grande-Bretagne. Les quatre volumes de cette anthologie retracent l’histoire d’une musique afro-cubaine d’avant le reggae, ou en tous cas avant que le reggae ne détrône les autres formes de « musique caraïbe », et ne devienne la musique de choix pour toutes les communautés noires britanniques, quelles que soient leurs origines (c’est à dire jamaïcaines ou non).
Le premier volume de l’anthologie se concentre sur le Calypso trinidadienne enregistrée à Londres dans les années cinquante, avec de grandes figures comme Lord Kitchener, qui se taille la part du lion dans ce disque, ou Lord Beginner, Mighty Terror, Young Tiger. Le deuxième volume élargit le spectre et inclut des musiciens africains et des genres comme le kwela ou le high-life. Le troisième volume est intégralement consacré à un seul musicien : Ambrose Adekoya Campbell, originaire du Nigeria, qui introduira le high-life africain en Angleterre avec ses West African Rhythm Brothers, avec qui il se produira jusqu’en 1972. Le quatrième volume revient au spectre élargi des deux premiers volumes, passant allègrement du calypso au kwela sud-africain, au high-life d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’au jazz et aux musiques latinos.
Chacun de ces volumes est une occasion de découvertes, permettant de retrouver des musiques oubliées, et de suivre la manière dont les musiques afro-cubaines et africaines se sont progressivement insinuées dans la culture noire anglaise, puis dans la culture anglaise en général. En plus de rendre à nouveau accessible un répertoire d’une grande qualité, empli de vie, d’humour et d’optimisme, cette série et les livrets qui l’accompagnent est un magnifique survol d’une part méconnue de l’histoire de l’Angleterre, et un bel hommage à la diversité culturelle du pays, ainsi bien sûr qu’aux musiciens qui furent les acteurs et les passeurs de cette diversité.Benoit Deuxant
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