Le duo s’est encore délesté d’une carapace d’acier et poursuit le cœur plus léger un chemin émouvant que ne renieraient pas les plus sentimentaux et léthargiques Boards of Canada, dont l’album Music Has the Right to Children est sorti quelques mois plus tôt également sur Warp. LP5 est partagé entre des morceaux doués d’une intelligence artificielle brillante, comme le bondissant « Acroyear2 » qui doit beaucoup à la vitesse accélérée de sa rythmique et des morceaux plus oniriques comme le ravissant « Rae » ou le caoutchouteux « Vose in ». Entre les deux, Autechre surprend avec une pièce toute simple, une mélodie isolée qui a pour nom « Melve », premier interlude dans son plus simple appareil, tranchant avec le génie manipulateur des sons à l’œuvre dans les plages avoisinantes. Mais l’expérience inédite revient à la délicate abstraction, « Fold4, Wrap5 », conciliant cette simplicité à l’étrangeté de ses pulsations en cascade. « Under BOAC » tend les peaux imaginaires de ses boîtes à rythmes ensorcelantes, laissant filtrer vapeurs hip-hop et maigres claviers : morceau puissant, d’une élégance à la fois brute et sophistiquée. Autechre ne peut surprendre à tous les coups et « Corc » fait partie de ces plages secondaires à la beauté passive, trop convenue. De même, « Arch Carrier » ne manque pas d’entrain mais bien d’inventivité. Une texture nouvelle se tisse patiemment au cours de « Drane2 » qui abandonne à nouveau les rythmiques au profit d’un climat hétérogène, concluant un album où s’entrechoquent au présent plusieurs approches musicales, celles du passé et celles de l’avenir d’Autechre.

PCO