CONCERTO PIANO / KRAFT
Jeune compositeur peu connu du grand public dans nos contrées, Magnus
Lindberg fait partie de cette nouvelle génération de musiciens
nordiques aux côtés d'Esa-Pekka Salonen ou Mikko Frank. Il a étudié
auprès de Einojuhani Rautavaara et Paavo Hinnen en Finlande, Franco Donatoni
en Italie, Gerard Grisey et Vinko Globokar à l'Ircam à Paris.
Fortement influencé par la musique de Helmut Lachenman et de Brian Ferneyhough,
la musique de Lindberg se caractérise par un travail sur les couches
sonores. Dans Kraft , le magma explosif de l'ouverture se transforme
sans cesse ; Lindberg utilise la masse orchestrale comme une pâte
qu'il se plaît à étaler ou à rassembler, dans laquelle
il insère des éléments incongrus comme la batterie ou des
sons d'objets de la vie courante. Il se dégage de cette musique une force
primitive malgré la complexité de l'écriture, qui n'est
pas sans rappeler, entre autres, le Sacre du printemps par l'utilisation
de la polyrythmie. Le Concerto pour piano , de facture plus classique,
évoque par moments Ravel ou Debussy, dans l'utilisation des couleurs
sonores ainsi que dans l'orchestration. Le piano, joué ici par le compositeur
lui-même, glisse dans un univers mystérieux et beaucoup plus intimiste
que dans Kraft , sans rien perdre cependant en densité. L'orchestre,
sous la direction d'Esa-Pekka Salonen et accompagné par l'ensemble Toimii,
nous livre une interprétation impeccable.
(Lisa Dangotte, Woluwe-Saint-Pierre)