MUSIC FOR LOVING
Travail sur le double sens de certaines références musicales.
Sorties de leurs contextes, découpées, broyées, mélangées.
Dans un jeu d'interférences vraiment puissant. L'énergie brutale
des ressacs ‘ noise' , les sirènes, les bruitages, les voix, les
dégommages, ça déjante de partout. Par exemple, un hymne
classique suggéré virginal, auréolé de spiritualité
baroque qui tourne en voix d'anges chatouillées par l'hélium.
Pétri en langage de Mickeys et de dauphins. Hymne gazouillant sous les
coups de butoir soniques et un déchaînement ahurissant de particules
de bruit, anarchiques, en expansion haut débit. Violent. Gros sons de
rock ‘ fuckés' . Brassage kitsch de cultures, de pacotille ou savantissime,
grand écart entre la pureté et l'ersatz. Cosmopolite, underground,
rural aussi par des vestiges égarés, des sons qui rendent présent
l'espace des champs, bêlements croisant des gestes de diva. Quelques notes
squelettiques de piano piquées chez Schönberg, tourmentées
dans des ondes râpées, noyées dans une lourde copulation
electro trash. Un télescopage patinant de vieux rythm'n'blues fleur bleue.
Extraits suaves qui déconnent, pètent les plombs, sortent de leurs
orbites. Échantillons de glamour moulés, tordus en forme de raides
coups de reins pathétiques, filant vers la confusion sentimentale, radotage
et rupture hystérique. Les titres ressemblent à des programmes
complets à la manière de Duchamp qui nommait les éléments
composant ses œuvres.
(Pierre Hemptinne)