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Pointculture_cms | critique

MEURTRES À DOMICILE

publié le

Cinéaste protéiforme et reconnu (réalisateur de documentaires, de courts métrages, mais aussi de programmes télévisuels), Marc Lobet signe avec Meurtres à domicile son second long métrage de fiction. Après son très remarqué conte pour enfants Prune […]

 

 

 

 

Cinéaste protéiforme et reconnu (réalisateur de documentaires, de courts métrages, mais aussi de programmes télévisuels), Marc Lobet signe avec Meurtres à domicile son second long métrage de fiction. Après son très remarqué conte pour enfants Prune des bois, il change totalement de registre en adaptant un roman policier de l’écrivain belge Thomas Owen, Hôtel meublé. Il invite ici les meurtres dans l’immeuble même de l’inspectrice Aurélia Mandru en charge de l’affaire. Une sombre histoire de meurtres, de vengeance, de jalousie et de gros sous…

Entre humour noir et polar, il délivre un film fonctionnant quasiment en huis clôt où les quelques incartades en extérieur font office de ballon d’oxygène entre deux apnées. Alors que son film précédent s'attachait à dépeindre avec justesse et candeur le monde innocent de l'enfance, il s'attaque ici à l'univers ô combien plus trouble des adultes. Situant l’action dans un vieil hôtel bruxellois reconverti en immeuble d’appartements, il y implante une galerie de personnages curieux et intrigants. Répartis sur trois étages, au hasard des rencontres, on pourra croiser un acteur shakespearien, un sculpteur et son modèle, une vieille dame adepte des pratiques vaudou, un ornithologue souffrant de problèmes de sommeil, un laveur de cadavres à la poésie toute personnelle. Sans  oublier la première victime, un écrivain sur le retour, notre inspectrice de la P.J. et le propriétaire des lieux, brocanteur sinistre aux allures de Nosferatu.

En tournant la majeure partie du film en plans fixes, il confère au métrage un côté bande dessinée que n’aurait pas renié un Jean Van Hamme ici scénariste et adaptateur du roman original. Le film s'étend comme une suite de tableaux visuellement très réussis qui doivent beaucoup à l'imaginaire du romancier Thomas Owen. A l'instar du parcours de l'auteur, le film brasse les genres, passant du policier à l'étrange avec beaucoup de naturel. À la fois macabre et drôle, il a tout d'un conte pour adultes, morbide et irréel. Faisant montre d’un rythme sans temps morts, soutenu par des dialogues des plus mordants, le scénario emmène le spectateur dans les méandres d’une intrigue emprunte d’onirisme autant que d’une brutale réalité. Les cadavres et les rebondissements se succèdent sous une musique lancinante et presque moqueuse dans un Bruxelles léthargique où l’on devine l’ombre de nombreux spectres.

Soulignons enfin le casting de choix (Anny Duperey et Bernard Giraudeau en tête) qui voit un tout jeune Charles Berling faire ses premiers pas devant la caméra.

Pour ceux qui en doutaient encore, voici une preuve supplémentaire que le cinéma belge n'aura pas du attendre la génération actuelle de cinéastes pour prodiguer un cinéma populaire mais de qualité.

Michaël Avenia

 

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