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Pointculture_cms | critique

Perte de mémoire - « Memory », un film de Martin Campbell

Memory

cinéma américain, remake, cinéma en salles, Martin Campbell, film policier, Memory, De Zaak Alzheimer

publié le par Anne-Sophie De Sutter

Remake de « De zaak Alzheimer », réalisé en 2003 par le belge Erik Van Looy, « Memory » est une copie assez conforme du film original, mais le temps et le lieu ont été modifiés, créant une histoire très contemporaine et remplie d’action.

À El Paso (Texas), l’agent du FBI Vincent Serra (Guy Pierce), assisté par Linda Amistead (Taj Atwal) et par un agent mexicain, Harold Torrez (Hugo Marquez), tente de démanteler un réseau transfrontalier de prostitution enfantine mais son action undercover tourne mal et le père de la jeune adolescente exploitée, Maya, est tué par les policiers. Serra prend la fillette sous son aile, se rendant compte qu’elle en sait plus que ce qu’elle veut bien dire.

Parallèlement, Alex Lewis (Liam Neeson), un tueur à gages aussi expérimenté que discret, est engagé pour assassiner deux personnes, un architecte qui en sait trop et Maya. Il refuse cette seconde mission quand il se rend compte que ce n’est qu’une enfant. Il est alors poursuivi par un autre tueur qui reçoit ses ordres d’une mystérieuse femme d’affaires, Davana Sealman (Monica Bellucci) mais il réussit à l’éviter. Son plus grand problème est que sa mémoire commence à faire défaut et il se pose des questions sur ses actions. Il entre alors dans la ligne de mire de Vincent Serra qui va détricoter les divers fils de l’affaire.

Le film original, De zaak Alzheimer, était basé sur un roman de l’auteur flamand à succès Jef Geeraerts datant de 1985 et situé à Anvers. Erik Van Looy avait quelque peu modifié l’histoire, la déplaçant en 1995 à un moment où la Belgique avait été secouée par l’affaire Dutroux et l’enlèvement de Julie et Mélissa, donnant au film une dimension très glauque. Dans la version de 2022 réalisée par Martin Campbell, le scénariste Dario Scardapane a réécrit l’histoire pour la situer à la frontière américano-mexicaine, à El Paso au Texas, mettant en avant l’immigration illégale de jeunes filles mexicaines pour la prostitution et abordant également le trafic de drogue. Comme en Belgique en 1995, il y a pléthore de services policiers : le FBI, le shérif local, la police de la frontière, les agents mexicains… et la collaboration n’est pas optimale. Par contre, tout est plus riche et clinquant : Davana Sealman n’est pas un châtelain habitant dans une immense demeure un peu démodée et vieillotte (le rôle était à l’origine tenu par un homme – et c’est tout à l’honneur de Campbell de rajouter un personnage féminin mais Bellucci paraît très empruntée et figée dans le rôle). Elle siège dans un bureau gigantesque au sommet d’une tour dominant El Paso. Son fils, lui, organise une fête sur son yacht privé qui dégouline de fric.

La version de 2022 est également plus énergique : si à l’époque, un agent ou le tueur tirait une seule fois, aujourd’hui, les chargeurs des armes ne se vident jamais et les scènes d’action – magistralement tournées par Campbell (qui a l’habitude après un film de James Bond, Casino Royale, et The Protégé qui bien que raté, brillait par celles-ci) – parsèment le film. Les voitures ont également pris en testostérone – on est loin des petites Golf GTI à bande orange de la gendarmerie belge.

Bref, tout est plus grand, plus beau, plus tape-à-l’œil mais que reste-t-il de fond de l’histoire ? Quand on revoit De zaak Alzheimer aujourd’hui, il y a clairement un petit côté suranné, avec les technologies de l’époque qui sont complètement dépassées mais le film marque toujours par ses références à la guerre des polices en Belgique qui ont mené à des affaires comme celle autour de Dutroux. On y voit la collusion entre riches entrepreneurs et justice (ce qui est aussi abordé dans Memory mais pas résolu de la même manière). Le film de 2003 est glauque et sombre mais est parsemé de quelques scènes d’humour un peu potache qui ont complètement disparu de na nouvelle version, et il possède une certaine poésie, tout particulièrement dans le rébus qui mène à la résolution de l’affaire. Memory est devenu une histoire sérieuse, bien rythmée, pleine d’action, mais qui ne laisse plus aucune place à un peu de légèreté. Et l’américanité de la chose est bien ennuyeuse à côté de la belgitude par moments complètement surréaliste.

Martin Campbell a réalisé un film d’action très conventionnel, minimisant la prise de risque, copiant à certains moments plan par plan la version originale mais ajoutant divers indices pour être sûr que le public comprenne bien ce qui se passe (on voit par trois fois les pilules du tueur tombées par terre par exemple). Il ne donne pas l’impression d’avoir pleinement compris et assimilé en quoi la version belge originale avait autant de saveur, et pourquoi elle a eu autant de succès à l’époque. Il rajoute même une conclusion qui n’est pas vraiment nécessaire. Au final, c’est juste un film d’action comme il en existe tant d’autres, avec comme twist particulier, un tueur qui perd la mémoire et qui est en quête de rédemption.

Memory, Martin Campbell

États-Unis – 2022 – 1h54


Texte : Anne-Sophie De Sutter

Crédits photos : The Searchers


Memory

Agenda des projections

Sortie en Belgique le 27 avril 2022, distribution The Searchers

En Belgique francophone, le film est programmé dans les salles suivantes:

Bruxelles : UGC De Brouckère, Kinepolis

Wallonie : Arlon Ciné espace, Bastogne, CineXtra, Braine-L’Alleud Kinepolis, Charleroi Pathé, La Louvière Le Stuart, Louvain-La-Neuve Cinescope, Malmédy Moviemills, Namur Acinapolis, Verviers Pathé, Waterloo Wellington

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