AY AY LOLO
Menwar est un musicien créole à l’allure rasta vivant sur l’île Maurice. Âgé d’une cinquantaine d’années, il est plongé dans la musique depuis vingt-neuf ans. Cet album, le premier à franchir les océans, est donc mature, fruit d’une longue réflexion musicale, avec un style affiné, travaillé, personnel et, en même temps, très proche de la tradition.
Parce qu’il est né sur l’île Maurice, Menwar est tombé dans le séga quand il était petit, mais cela ne l’a pas empêché d’aller voir ailleurs. Il a notamment séjourné sur l’île de la Réunion où il s’est frotté avec la maloya. Les musiques africaines ont également capté son attention. Une musique proche des racines, appelée «sagaï» en a résulté, mais, curieusement, toute l’indolence propre aux musiques des îles tropicales a disparu pour une sorte de tension, de nervosité. Outre les percussions, dont le ravanne et le maravanne, instruments typiques du séga qu’il ne quitte jamais, la basse et la guitare tiennent une place non négligeable et donnent parfois un accent blues aux plages. Les paroles décrivent une île Maurice qui n’a rien à voir avec les habituels clichés de carte postale. Musicien avant tout, Menwar se préoccupe aussi des conditions de vie du peuple créole sur l’île. Celui-ci constitue en effet une minorité dans une société qui évolue selon la règle sociale du « communalisme ». Communa… quoi ? Explication : c’est un système dans lequel les différentes ethnies, dans ce cas-ci, les Indiens, les Créoles, les Chinois et les Blancs, sont géographiquement regroupées par quartiers et ne se fréquentent guère, sauf dans les lieux publics. En résulte de grandes difficultés pour de nombreux Créoles en ce qui concerne les domaines de l’entreprise, de la vie politique ou institutionnelle. Une situation décrite avec verve sur certaines plages. Mais toutes les chansons ne sont pas des pamphlets contre la société mauricienne car Menwar est, malgré tout, amoureux de son île et consacre quelques morceaux à en décrire les beautés naturelles. À conseiller bien sûr…
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