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Pointculture_cms | critique

DEXTER - 1/1

publié le

Dans le genre psychotique de télévision, Showtime a fait plus fort que « Monk » et « Dr. House » réunis : « Dexter ».

 

 

 

 

 

 

1Dans le genre psychotique de télévision, Showtime a fait plus fort que « Monk » et « Dr. House » réunis : « Dexter ».

Il faut dire que le réseau de télévision a su faire son trou face à la concurrence, HBO en tête, grâce à des paris audacieux et ô combien réussis (entre autres «Queer as folk», « The L Word » et le récent « Californication »).

Michael C. Hall (qu’on avait vu dans « Six Feet Under », série produite, comme par hasard, par HBO – tout comme « Big Love », « Sex and the City » ou encore « Deadwood ») lui prête sa bouille de gamin mal dégrossi, et on est prêt à lui donner le bon Dieu sans confession. C’est bien simple: il est le gendre idéal! Trentenaire discret, poli et sympathique, il a une bonne situation (médecin légiste à la police de Miami, il s’est spécialisé – est-ce un hasard ? – dans les projections de sang), une bonne présentation, un appartement impeccablement rangé… et n’en traîne pas moins quelques casseroles, et des grosses. Trouvé sur les lieux d’un crime à l’âge de trois ans, Dexter finit par être adopté par le policier qui l’a découvert.

Un bon flic, ce Harry! Quand il se rend compte que son fils adoptif a des pulsions… comment dire… « malsaines », il lui apprend à les canaliser.
Pour faire court: Dexter Morgan est un authentique tueur en série, mais attention! un tueur en série politiquement correct qui ne tue que les personnes qui l’ont bien mérité – en gros, les violeurs, tueurs, pédophiles, veuves noires et autres récidivistes pour fautes graves. Un authentique justicier de l’ombre !

2Ce qui est fascinant dans la psychologie du personnage (un cas d’étude, je vous dis!), c’est qu’il est totalement dénué d’émotions : il a beau avoir une vie sociale, une sœur qui l’adore et même une petite amie (because she is, in her own way, as damaged as me*), il est complètement vide à l’intérieur et en a parfaitement conscience.
Et en dehors de son père adoptif, mort et enterré depuis dix ans, nul n’est au courant de sa double vie. Un Dr. Jekyll & Mr. Hyde des temps modernes.

Cela dit, ce n’est pas parce qu’il n’a pas d’émotions qu’il n’a pas de morale, et il en profite pour la faire à ses victimes lorsqu’il les « travaille » (parce qu’il ne se contente évidemment pas de les tuer vite fait, bien fait – ce serait tout de suite moins drôle!).

Autant vous dire que les âmes sensibles feraient mieux de s’abstenir. Par contre, les amateurs de projections de sang et de prothèses en tous genres vont adorer !

Ce personnage aussi étrange que troublant n’est pourtant pas l’unique raison de regarder et d’apprécier «Dexter»: à côté de lui gravite toute une série de personnages plus ou moins attachants auxquels scénaristes et acteurs ont su donner une dimension qui va bien au-delà du simple rôle secondaire. Nous avons Debra, la sœur de Dexter, jeune recrue survoltée de la police criminelle campée par l’épatante Jennifer Carpenter (qui en avait déjà laissé plus d'un cloué sur sa chaise dans « L’exorcisme d’Emily Rose »), Rita, la petite amie douce et fragile, jeune mère au passé douloureux, ainsi qu’une ribambelle de flics, du plus sympathique (le latino amateur de salsa Angel Batista) au plus désagréable (le suspicieux Doakes et la peau de vache Laguerta), en passant par l’une ou l’autre bizarrerie, avec une mention très spéciale au rat de laboratoire Vincent Masuka. Le spectateur se délecte de la popote interne, privée et professionnelle, mais aussi des intrigues qui se croisent pour finalement se rejoindre.
Arrivé au milieu de la première saison, le suspense devient insoutenable, privant littéralement le dexterholic de sommeil au point qu’il s’enfile les six derniers épisodes d’un coup (prévoyez des popcorns et du café bien fort)!

Car, comme toute série policière qui se respecte, « Dexter » comporte un fil rouge, et même plusieurs: en vrac, un tueur en série redoutable qui joue à cache-cache avec notre antihéros, la vie sexuelle – inexistante – de Dexter et Rita, les problèmes conjugaux d’Angel et, puisqu’il fallait bien en arriver là, les efforts du jeune médecin légiste pour faire revivre son passé et découvrir sa vie d’avant l’adoption. En sus, le spectateur a droit à une vision de Miami qui sort des clichés de carte postale (ni piscines, ni bimbos à gros seins!), à une réalisation soignée loin du format caméra à l’épaule qui semble être dans l’air du temps et même, ce qui est rare à la télévision, à des thèmes musicaux d’une délicatesse à faire pâlir d’envie Jon Brion et Michael Andrews. Signées Daniel Licht, ces courtes lignes mélodiques sont orchestrées aux petits oignons: les gimmicks électroniques côtoient avec le plus grand naturel toute une panoplie d'instruments acoustiques, tels que guitares, piano, dulcimer, flûtes ethniques, congas, gamelan… Ces ambiances fortes, parfois inquiétantes, toujours adéquates, cohabitent sur la bande originale (présentée dans un joli boîtier rouge) avec le générique composé par Rolfe Kent et plusieurs titres de salsa puisque c'est généralement dans les cafés latinos de Miami que nos flics se détendent après leur service.
À cela s'ajoutent quelques incursions de Dexter en voix off, véritable fil conducteur de la série, jalonnées tout du long par les pensées, parfois un peu tordues, mais jamais hors de propos du héros.

Pour faire court: « Dexter » est une série télévisée hautement addictive qui sort totalement des sentiers battus et la première à me faire vibrer depuis… euh… probablement toujours.

* Parce qu’elle est, à sa façon, aussi abîmée que moi.

Catherine Thieron

 

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