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Pointculture_cms | critique

« OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius

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publié le par Michaël Avenia

Douze années ont passé depuis la dernière aventure du plus français des agents secrets et bien des choses ont changé depuis sa sortie gagnante au Caire. Les années 1960 sont déjà bien entamées et ont apporté avec elles bon nombre de changements dans les mentalités. Dans ce monde en pleine mutation, seul OSS 117 semble ignorer la transformation qui s’opère (changer le monde, quelle drôle d’idée ! Il est très bien comme ça le monde, pourquoi le changer ?) et vogue, fidèle à lui-même, sur la vague de la franchouillardise qui le caractérise si bien.

Les romans de Jean Bruce avaient déjà été adaptés à l’écran dans les années soixante. Sorte de James Bond français un peu fauché, ils ont largement inspiré les deux opus récents pour lesquels Michel Hazanavicius a choisi d’adopter le contre-pied parodique ; il s'inspire du premier degré plombant des versions antérieures en utilisant leur côté machiste et patriotique à des fins presque burlesques.

« Rio ne répond plus » reprend en partie les éléments qui ont fait le succès du premier volet (humour grinçant, propos post-coloniaux vraiment limites…), mais réussit le pari de renouveler l’attrait de la série en s’impliquant davantage dans son personnage principal. Le réalisateur prend en effet le temps de définir un peu plus les contours de son agent secret dans un univers qui, socialement, culturellement et politiquement, opère un virage important. Alors que dans l’opus précédent il représentait « l’idéal » de son époque, il est vu ici comme complètement rétrograde et dépassé par les événements qui l’entourent. Son look très propret tranche encore plus ici avec son humour poisseux et ses petits costumes old school peinent à lui redonner de l’éclat dans cette époque plutôt chamarrée.

Coloré et résolument pop, le film porte en lui l’essence même de l’époque dans laquelle il s’insère et s’offre quelques clins d’œil prestigieux comme par exemple la présence de Pierre Bellemare, la voix de l’ORTF des années soixante. Cette approche référentielle trouve également un écho dans la réalisation qui s’imprègne totalement des codes cinématographiques propres à cette période (split-screen, tournages en extérieur, de jolies filles légèrement vêtues, etc. ) et enchaîne les scènes sans perte de rythme ni temps morts.
Mais parler du film sans rendre hommage au talent d’écriture qui se cache derrière chaque réplique de Jean Dujardin serait un crime. Car si la sauce prend, c’est aussi en partie grâce aux dialogues et à l’humour corrosif distillés tout au long du métrage. Que les adeptes du politiquement correcte passent leur chemin ; notre agent secret se ridiculise volontiers en faisant montre d’un sens du préjugé qui force l’admiration. Son séjour en Égypte était l'occasion pour lui de déverser les clichés les plus inattendus sur le monde arabo-musulman (et ses grandes réalisations comme le canal de Suez par exemple). Ici c'est la culture juive qui fait les frais de la spiritualité franchouillarde de l'agent secret (confondre Juifs et Musulmans, il fallait oser). Les répliques fusent avec une telle justesse et un tel naturel que ça relève presque de la poésie.

Difficile de comparer OSS 117 au reste des productions comiques françaises tant il semble boxer seul dans sa catégorie. Pour ceux qui auraient raté le premier épisode, voici une bonne occasion de se racheter une conduite. Pour les autres, c’est la perspective assurée de nouveaux éclats de rire qui s’annonce.

Michaël Avenia

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