Musique de film, musique de foot

Pour leur documentaire réalisé le 23 avril 2005 au stade Santiago Bernabéu, Douglas Gordon et Philippe Parreno ont tourné leurs dix-sept caméras vers une icône du football contemporain: Zinedine Zidane. Le temps d'un match du Real de Madrid contre Villarreal, les réalisateurs ont tenté de capturer l'effort, la tension et la concentration du joueur français, et si le défi de rendre sur grand écran l'ivresse d'un match de foot à travers un seul de ses protagonistes semble difficile à relever, la musique de Mogwai vaut pourtant, à elle seule, le détour: plus retenu qu'à son habitude, le groupe remplit pleinement sa part du contrat avec cette bande originale passant subtilement de l'ombre à la lumière.

Groupe phare d'un genre appelé post-rock, Mogwai signe ici une musique lente et sensuelle qui contraste radicalement avec le jeu énergique de Zizou, malgré des parallèles entre les Écossais et le footballeur: tous font preuve d'un même sérieux dans l'effort, et si l'on excepte certains débordements d'un côté comme de l'autre (des envolées littéralement assourdissantes pour les premiers et un désormais légendaire coup de boule pour le second), on ne peut que saluer leur constance dans leurs carrières respectives.

Avec ses très nombreux gros plans (des loupes haute définition de l'armée américaine ont même été utilisées), Zidane, a 21st Century Portrait rend un bel hommage à l'ancien capitaine de l'équipe de France de football tout en mettant en évidence la solitude d'un athlète. Cela dit, si l'initiative était belle et que le film fut présenté à Cannes, les avis restent divergents: chef d'œuvre pour les uns, pas à la hauteur de ses ambitions pour les autres, la critique fut néanmoins unanime envers la bande originale composée par Mogwai, chaleureusement accueillie tant par les fans du groupe que par la critique.

Le propre de la musique de film étant de créer des ambiances et non un album de variétés, les cinq garçons de Glasgow s'en sortent comme des chefs, réaffirmant par la même occasion leur amour du football.

Catherine Thieron