MOUSS ET HAKIM OU LE CONTRAIRE
Deux des trois fervents activistes du groupe Zebda, après Magyd Cherfi
(fidèle ici à l'écriture) entament une carrière
en tandem. Les frères Amokhane - après quelques collaborations
au sein du collectif 100% Collègues, ainsi qu'avec Cheb Mami, Brigitte
Fontaine et Tiken Jah Fakoly entre autres - ne se sont pas délestés,
depuis l'éclatement du trio en 2002, de leur punch légendaire.
Ces siamois toulousains, jouant de leur fausse gémellité, chaussent
chacun une des Bottes de banlieue (titre de la chanson offerte par
un artisan de la rime et frère de cœur, Claude Nougaro). Dans un
melting-pot festif flirtant avec le hip-hop, le rock -reggae virant au punk,
ils abordent avec tchatche et accent chantant, dans un parfum de clandestinité
subversive, un nouvel art contestataire. « Avec des mots
de nous et de moi bétonnés dès la nuit tombée / C'est
comme ça que j'entends passer des idées nouvelles à scander ».
Ces mots en oriflammes, brûlants et cosmopolites, se mettent au
service d'une pensée humaniste et citoyenne. Claquant en autant d'hymnes
urbains et fédérateurs au sein d'une culture métissée.
Battant le pavé de la ville rose, ces petits gars des faubourgs émancipent
le rap, le colorent de mélodies « dansantes » sans
frontières. Tels des troubadours modernes, ils gardent le riche humus
de la tradition occitane collé à leurs semelles et, dans un souci
de fraternité, de tolérance universelle, ils désembrument
les quotidiens les plus amers en insufflant le souffle vital de la controverse.
(Brigitte Lebleu, Charleroi)
À écouter également dans la même veine : les
Femmouzes T, Moussu T E lei jovents, Anis, Toma Sidibé, Fabulous Trobadors,
Riké