LISTEN UP
Un groupe difficile à identifier, une musique hybride. Le seul musicien vraiment identifiable de la bande est Pall Jenkins – voix, guitares, basse, claviers - qui fait partie du groupe californien Black Heart Procession et de Three Mile Pilot. Il s’est offert une petite récré du côté de la frontière mexicaine et sous le pseudo de Paulo Zappoli il a monté ce projet.
L’histoire de cette rencontre est racontée comme ceci: En 2003, la télé de Pall Jenkins tombe en panne, il va porter l’appareil dans un magasin de réparation du nom de ‘Tube Heaven’, il discute avec le technicien et de fil en aiguille, il apprend que l’homme est musicien. Durant des années Freddie Dillinger a exercé des métiers très différents qui vont de croque mort à gardien de zoo et réparateur de télés, il n’a jamais cessé d’écrire des chansons mais n’a jamais sorti un seul disque. Par contre, il s’est produit en live sous le nom de Freddie Feelgood & The Real Good Feelings. Jenkins retrouve quelques bandes les écoute et persuade Freddie d’enregistrer un disque de dix chansons. Il lui laisse le contrôle du choix des titres ainsi que de l’enregistrement qui est réalisé avec un mélange de vieil équipement et de technique plus moderne. Et voici que ces musiques écrites entre 1956 et 2004 sortent sur un cd en 2006 sous le nom de Mr. Tube And the Flying Objects.
Le résultat est étonnant. Une sorte de patchwork de rock mariachi, de fanfare ska, de dub avec des guitares psyché, et tout se tient très bien. Et tout au long de l’album on reconnaît la voix nasillarde de Pall Jenkins. Mr. Tube est également entouré des instruments habituels tels, basse et batterie mais aussi d’une section cuivre et d’un violon.
Une belle histoire vraie pour un très chouette disque qu’il ne faut pas laisser dormir en rayon.
Une nouvelle Clé du Rock:
Qui est Steve Albini ?
Depuis le temps que je vous en parle….
Musicien, guitariste et producteur installé à Chicago. Comme musicien et guitariste il est une figure importante du rock indépendant depuis la moitié des années 80. Et comme producteur, il est l’un des plus couru, il a produit des dizaines et des dizaines d’albums de groupes d’indie rock, des albums mythiques comme « In Utero » de Nirvana, « Surfer Rosa » des Pixies ou « Rid of Me » de PJ Harvey, mais aussi « Walking Into Clarcksdale » de Jimmy Page et Robert Plant et surtout une multitude de groupes émergents.
Commençons par Albini – le musicien. Au début des 80’s, il rédige des articles incendiaires sur la société américaine dans des fanzines, mais il abandonne assez vite le journalisme pour se consacrer à la musique. Il fonde Big Black, et dès sa naissance le groupe a un genre bien à lui. Albini le défini comme punk rock, dans l’esprit oui c’est indéniable mais musicalement je dirais que c’est plutôt hardore, indus, très radical en tous cas. Les premiers EP’s que l’on retrouve rassemblés sur « The Hammer Party » laissent entendre un musique robotique, glaciale, avec des claviers et un sax qui disparaitront très vite. Une musique et des textes sans concessions. Albini est à la guitare et au chant, une guitare acérée et les textes sont plus clamés que chantés, déformés par des filtres. En 1987, sur leur deuxième et ultime album « Songs About Fucking » on trouve déjà les bases de ce que sera Shellac quelques années plus tard. Un disque très radical, brutal, puissant, une tuerie. Mais Big Black se sépare peu après.
Il fonde Rapeman la même année, avec lequel il sortira 2 albums et qu’il dissoudra en 1988. En 1992, il fonde Shellac avec Bob Weston à la basse (et également producteur) et Todd Trainer à la batterie. En neuf ans, ils n’ont sorti que quatre albums.
Sorte de trio infernal, un rock incisif, un batteur métronomique, sec et ultra précis.
Rock minimal aussi, de même que leur matériel sur scène par exemple qui se résume à de gros amplis ayant chacun un bouton on/off c’est tout., pas plus de fioritures pour le matériel que pour la musique. Du brut! Albini porte sa guitare ceinturée à la taille. Les titres n’entrent pas dans un canevas couplet-refrain, les compositions sont à la fois complexes et répétitives, il y a des breaks, des accélérations et décélérations qui perturbent nos habitudes dites rock. Leur son métallique vient de l’aluminium qui entre dans la fabrication de leurs instruments et Albini utilise un plectre en métal également.
Pour les concerts, ils ont également une démarche assez personnelle qui est de ne pas faire de tournées en fonction de leur actualité, mais plus en relation avec le lieu, la saison, leur envie de quitter le studio d’enregistrement de Chicago. En fait pour eux, une tournée équivaut à des vacances. C’est aussi pour cette raison, que sur scène ils sont détendus et même blagueurs puisqu’ils jouent pour leur plaisir et le notre par la même occasion.
Albini le producteur est aussi particulier qu’Albini le musicien. Il accepte de faire ce travail par plaisir et intérêt personnel. Si le musicien ou le groupe demandeur ne l’attire pas il refusera le travail. On dit qu’il y a une « couleur » Albini, mais non, pas forcément, il respecte le genre musical et la demande du client (exemple Robert Plant et Jimmy Page). Il impose peu, si ce n’est qu’il travaille en analogique et qu’il préfère les enregistrements live. Il laisse l’artiste s’exprimer librement et lui propose ses compétences, d’ailleurs en général il est crédité comme ayant enregistré le disque, et non comme l’ayant produit.
Appréciation toute personnelle : j'ai eu l'occasion de voir Shellac sur scène à plusieurs reprises, et à chaque fois ce fut une bonne claque. Des concerts qui laissent des traces.
Petite discographie sélective :
Pour quelques bons disques de plus: