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Pointculture_cms | critique

INSPIRATION INFORMATION VOL.3

publié le

Mulatu ASTATKE & the HELIOCENTRICS : « Inspiration Information Vol. 3 »

 

 

 

 

Ondulations éthiopiennes revisitées

mulatu

Histoire de planter le décor, commençons par quelques données factuelles rapidement esquissées : cet album est le troisième d’une série « Inspiration Information » initiée par le label Strut Records.
Le menu des volumes 1 et 2, Sly & Robbie avec Amp Fiddler, Horace Andy aux côtés d’Ashley Beedle, permet de se faire une idée de l’intention de la série : confronter un groupe ou un artiste d’aujourd’hui à une figure légendaire ayant eu une influence sur son travail.
Sans hésitation, Mulatu Astatke peut être qualifié de figure légendaire. Père de l’ethio-jazz, sa popularité s’est faite chez nous surtout grâce à la bande originale du film de Jim Jarmusch, Broken Flowers, mais aussi, sans doute dans une moindre mesure, grâce à la série Éthiopiques, initiée par le label Buda (écouter Éthiopiques n°4 : Ethio Jazz & musique instrumentale 1969-1974). Mulatu Astatke a « créé » l’ethio-jazz, style devenu populaire dans les bars d’Addis-Abeba dans le courant des années 60 et 70, en rassemblant et en fusionnant différents styles, jazz principalement mais aussi pop, funk et latino-américains à la musique traditionnelle éthiopienne azmari.
Le collectif anglais The Heliocentrics constitue le deuxième versant du projet.
Emmené par le percussionniste Malcolm Catto, ce groupe a sorti un premier album Out There en 2007. Y sont allègrement mêlés hip-hop, funk, jazz, psyché et electro. Outre ce projet, les musiciens de The Heliocentrics ont notamment joué avec Madlib, DJ Shadow et The Herbaliser.
La rencontre de Mulatu Astatke avec le collectif a eu lieu à Londres, à l’origine pour une série de concerts. Finalement, un album est enregistré, constitué aussi bien d’anciennes compositions de l’Éthiopien, retravaillées pour l’occasion, que de nouvelles créations.
Et le résultat est bluffant.
La première écoute, rapide, histoire de prendre la température, de voir de quel bois l’album est fait, révèle un disque équilibré, au groove profond, très « moderne », sur lequel viennent serpenter les mélodies ondulantes typiquement éthiopiennes.
Les instruments traditionnels éthiopiens, le krar (une petite lyre à six cordes), le masenqo (un luth à une corde), le bagana (grande lyre à 10 cordes), le washint (flûte semblable au ney) sont présents, ni plus ni moins que les effets électroniques.
Mais à la première écoute, l’attention ne s’attarde pas à de telles constatations, tant le tout s’écoule avec fluidité. Le piano ressort assez nettement, donnant de temps à autre des allures jazz/musique de film au CD.
Et puis viennent les deuxième, troisième, quatrième, cinquième écoutes, et chacune se révèle riche en surprises, à chaque fois, c’est une nouvelle couche qui se laisse découvrir, un nouveau détail qui surgit. Une complexité, une densité impressionnantes se font jour.
La musique se décompose en multiples facettes étonnamment bien imbriquées les unes dans les autres : chant traditionnel, piano, percussion, guitare électrique, batterie, theremin, les instruments traditionnels cités plus haut, harpe, cuivres, claviers, vibraphone, basse…
Par petites touches, les morceaux se construisent, prennent de l’ampleur, de la force, de l’énergie, dévoilent un ton, une atmosphère spécifiques mais se succédant sans heurt.
On reconnaît aisément les compositions plus anciennes de Mulatu Astatke (« Cha Cha », « Mulatu », « Esketa Dance », « Chik Chikka ») : les mélodies y prédominent, se font mouvantes, louvoyantes, enjôleuses, insaisissables.
Les sections rythmiques viennent plus nettement à l’avant-plan sur les nouvelles compositions mais les cuivres n’en gardent pas moins des accents éthiopiens.
Au final, il est quasiment impossible de jouer au petit jeu de l’étiquetage. Même plage par plage. Un morceau débute hip-hop et se termine jazz, un autre purement ethio-jazz par la mélodie se construit sur une rythmique plutôt funk. Et ainsi de suite.
L’album en devient atemporel et « sans-patrie », survolant décennies et continents sans à aucun moment être volatile. Une atmosphère, à vrai dire assez impalpable mais non fuyante s’en dégage et l’album y trouve sa personnalité propre, fascinante.

À écouter également :

ETHIO JAZZ VOL.1

MULATU OF ETHIOPIA

OUT THERE

 

 

 

 

 

Ethio-jazz :

  • Mahmoud Ahmed :

ETHIOPIQUES 6, 1973: ALMAZ

ETHIOPIQUES 7, 1975: ERE MELA MELA

ETHIOPIQUES 19: MAHMOUD AHMED, 1974

 

 

 

 

  • Alèmayèhu Eshèté :

ETHIOPIQUES 22: ALÈMAYÈHU ESHÈTÉ. MORE VINTAGE !

ETHIOPIQUES 9: ALEMAYEHU ESHETE 1969-1974

 

 

 

 

 

En savoir plus sur la musique éthiopienne

 

Isabelle Delaby

 

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