MUSIC HAS THE RIGHT TO CHILDREN
Ici, l’électronique est mélodieuse et agréable, délicate et accueillante. Les morceaux sont souvent construits sur des rythmiques downtempo découpées précisément et s’apparentant au trip-hop. Les nappes de clavier aux textures ambient sont chaleureuses et fréquemment accompagnées de samples de voix humaines. Quelques effets de scratch judicieusement disséminés (notamment sur « An Eagle in Your Mind ») achèvent de donner à l’ensemble des colorations hip-hop.
Ces instrumentaux sont entrecoupés de brefs interludes (souvent de douces mélodies aux synthétiseurs analogiques exemptes de toute rythmique). Ces courtes vignettes ne sont pas du remplissage, et la fratrie leur attribue une place aussi importante qu’à leurs compositions rythmées, plus longues et achevées.
Une plage comme « Aquarius » (inspirée de la comédie musicale Hair) se démarque de l’ambiance générale, grâce à l’adjonction d’une basse ronde, groovy et claquante donnant au morceau une orientation dub/funk.
Les thèmes abordés évoquent la nostalgie, la rêverie, la nature, la mélancolie, et la candeur inhérente aux enfants (les Children du titre de l’album). Attention toutefois, le monde des petits ne se révèle pas toujours plein d’innocence : ainsi par exemple, sur « The Color of the Fire », une voix d’enfant est samplée, trafiquée, distordue, et le bambin se transforme alors en un monstre capricieux et autoritaire. Dès lors, on s’interroge sur la signification de la pochette du disque. Cette photo de famille – trois adultes et quatre enfants – décolorée et semblant provenir des années 1970, interpelle par son côté énigmatique et inquiétant. Mais pourquoi les visages ont-ils été effacés ? Le mystère reste entier.
Pierre Baps