AUTRE CÔTÉ DU VENT (L')
Celui qui emporte ces nano sphères de silice, lancées
généreusement tel le semeur dans les champs fertiles des expressions
neuves. Des nano sons, étirés, poussés, soufflés.
En mouvance, aériens, autonomes, ludiques. De cette armada de boutons
nacrés accrochés à un ventre ondulant, Arnaud Méthivier
réinvente à chaque fois le voyage. Sans renier Les Horner, les
Azzola, les Verchuren de son enfance, le musette et ses clichés des débuts,
il aborde l'un des instruments populaires par excellence qu'est l'accordéon
comme autant de possibles envisageables. À chaque fois, il re-conceptualise
son utilisation afin de faire naître dans un souffle épique un
monstre protéiforme au service des contres-évidences. De cette
créature hybride, aux halètements convulsifs, aux spasmes passionnels,
aux sereines langueurs, il tire l'insoupçonné. Refusant les chemins
balisés du confortable, c'est avec calme et profondeur, qu'il nous livre
ses introspections.
C'est dans les mélanges indéfinissables des styles, des rythmes
et des atmosphères qu'il donne corps à ce septième album,
clef de voûte d'un glaneur de collaborations. Celles-ci, tant éclectiques
(avec les Innocents, Stephan Eicher, Suzanne Vega) que liées à
ses affinités (Otto Lechner, Marcel Kanche) lui ont permis d'affiner
le propos. Les voiles en papillon, entre tango, valse à la Tiersen, gymnopédies,
mélodies « western spaghetti », entre confidences
‘Bashungiennes', chants gutturaux, soupirs et onomatopées, Arnaud
Méthivier sait une fois de plus provoquer des frissons d'un instantané
musical hors du commun.
(Brigitte Lebleu, Charleroi)