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Pointculture_cms | critique

TAKE (THE)

publié le

Naomi Klein, journaliste indépendante canadienne, est plus connue comme auteur que comme réalisatrice. Son livre « No logo– la tyrannie des marques », un pamphlet anti-mondialiste, est devenu un ouvrage de référence (et pas seulement pour José Bové).

Naomi Klein, journaliste indépendante canadienne, est  plus connue comme auteur que comme réalisatrice. Son  livre « No logo– la tyrannie des marques », un  pamphlet anti-mondialiste, est devenu un ouvrage de référence (et pas seulement pour José Bové).
La plus grande critique émise sur son livre est le fait que ses théories ne restent que des idées sur  papier, elle ne propose pas de cas pratiques pour les étayer.

Piquée au vif, elle est partie filmer dans un pays en proie au chaos économique, où bon nombre d’usines ont  fait faillite suite à la fuite des capitaux étrangers et à la vente de ces « bijoux d’États » au secteur privé. L’Argentine. Elle ne pouvait rêver meilleur laboratoire grandeur nature que ce pays qui accumule les problèmes. Et ce n’est pas le modèle économique prôné par le FMI qui va arranger les choses. C’est donc dans ce pays, dévasté économiquement, que Naomi Klein va faire une démonstration pratique de ses écrits, en prouvant qu’une alternative est possible. 

Ce nouveau modèle social et économique vient d’ouvriers restés sur le carreau après la fermeture de leur usine. Ils se retrouvent sans emploi, mais pas sans idées. Ils n’ont pas baissé les bras. Au lieu d’attendre une hypothétique reprise, ils ont pris possession  des  lieux avec, comme mot d’ordre, « occuper, résister, produire ». Ils vont  se prendre eux-mêmes en charge en créant une coopérative où chacun touche le même salaire. Pas de patron, pas de course au profit, pas d’exploitation.
Ce nouveau  modèle d’entreprise va faire tache d’huile, bientôt d’autres usines vont rejoindre le train en marche.
À travers ce document aux allures de pamphlet, Naomi Klein va suivre plus particulièrement le destin de l’usine « La forja San Martin », une fabrique de pièces détachées pour automobiles, qui vient de mettre sous le paillasson la clef, mais pas l’envie de travailler des ouvriers.
Ils n’ont qu’une envie, refaire fonctionner les machines. 
Ils vont trouver une aide précieuse dans d’autres coopératives. Car l’État et les anciens patrons d’usines ne voient pas cette reprise d’un bon œil.
Autre fait majeur qui va jouer en leur défaveur, l’Argentine est en pleine campagne électorale. Les anciens patrons, pleins aux as, ont plus à mettre dans la balance qu’une coopérative d’ouvriers pauvres. Ceux-ci vont devoir faire preuve de pugnacité devant tant de bâtons mis dans leurs roues. 
Mais leurs efforts seront dûment récompensés.

Si Mémoire d’un saccage de Fernando Solanas (TH5741), autre très bon documentaire sur l’Argentine,  se concentre plus sur les tourments  économique et historique de l’Argentine, The Take, lui, aborde le problème social, c’est l’humain qui est mis devant la caméra. C’est une utopie devenue réalité, la lutte d’hommes qui ont voulu prendre leur destin en main.  Ce film nous montre de façon très humble, sans tomber dans le militantisme à outrance, la lutte et l’acharnement d’hommes et de femmes qui veulent changer un modèle obsolète, non pas par idéologie, mais pour survivre tout simplement.

TM


Un pays riche, l’Argentine, avec la classe moyenne la plus riche d’Amérique latine, devient pauvre suite à la terrible crise économique et monétaire de 2001, provoquée en grande partie par la gestion catastrophique du gouvernement Carlos Menem, les exigence du FMI, l’incurie des patrons et la corruption endémique. Les politiciens se discréditent. Le pays connaît cinq présidents en cinq semaines. L’argent des riches quitte l’Argentine. Les usines, devenues non-rentables, se vident de leurs personnels qui se retrouvent en situation financière précaire: «Souvent nous n’avons que des aubergines et des frites à manger!». Les grilles cadenassées fleurissent à la porte des usines. Affrontements au ras des pavés avec les forces de l’ordre. Zanon, une de ces usines, est mise en exergue par les réalisateurs qui filment avec réalisme, efficacité et empathie le combat humain des ouvriers: « Zanon appartient au peuple, aidons ses travailleurs ! Un patron n’est pas utile pour faire tourner une usine! »  Après une période de désarroi, poussés par des leaders charismatiques qui en veulent, les ouvriers regroupés en coopératives réactivent l’outil de production. Des synergies sont créées et la production repart, d’abord dans une totale illégalité, puis, après bien des tergiversations, des atermoiements et des manifestations, avec l’accord des instances judiciaires et du nouveau gouvernement. Les avertissements tombent: patrons, grands dirigeants, multinationales, personne ne voudra racheter une usine occupée ! Mot d’ordre de Mercedes Sosa (chanteuse Argentine culte et « de gauche »): « Qui a dit que tout était perdu…? » La lutte continue. Le pays essaie de reconstruire son économie sur les ruines laissées par le passage de la mondialisation. Les travailleurs, grâce à leur ténacité, leur courage et la reconnaissance internationale de leur combat obstiné, obtiennent gain de cause et peuvent continuer à gérer leurs entreprises réactivées, à fonctionner en auto-production et même à engranger des bénéfices. Un patron, la mine éplorée, offre même de racheter son ancienne usine! Plus de mille sept cents entreprises autogérées par les salariés sont actuellement en activité en Argentine. Jusqu’à quand ? Quel espoir au bout du chemin ?

À consulter, l’analyse en profondeur de ce documentaire sur le site www.objectif-cinema.com

Autour du même sujet, présenté sous un autre angle,voir les DVD Mémoire d’un saccage (TH5741) et Argentinazo, vivre avec la crise (TH1038).
PC

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