SPACE IS ONLY NOISE
Nouveau nom dans le paysage de l’electronica new-yorkaise, Nicolas Jaar est un très jeune homme a l’imagination débordante quant aux collages textes/ musique. En 2010 il a sorti deux E.P « Time For Us » et « The Student » sur le label new-yorkais Wolf+Lamb.
Il est le fils d’Alfredo Jaar, artiste conceptuel chilien, il a passé son enfance au Chili et s’est ensuite installé à New-York avec ses parents. En écoutant son album, il parait clair que sa connaissance de la culture artistique européenne est très étendue. Il entremêle harmonieusement des fields recordings, des textes et des interviews de Jean-Luc Godard, Serge Daney (critique aux Cahiers du Cinéma), Vito Acconci (vidéaste américain), Tristan Tsara (poète roumain, un des fondateurs du mouvement Dada). Petit, il a suivi quelques cours de piano, instrument qui sert d’ossature à plusieurs plages. Mélodies aux rythmes alternés rapides – lents , des notes désaccordées, des dissonances - jeu fortement influencé par Satie.
Le disque s’ouvre sur « Etre », des bruits d’eau, de vaguelettes, sur lesquels il a posé les voix de Godard et Serge Daney. Viennent ensuite le piano et des petits cris d’enfants et d’adultes au loin, un peu comme quand on somnole sur une plage. C’est doux, c’est relaxant.
« Too Many Kids Finding Rain In The Dust » un magnifique morceau lent et ouatiné, « I Got A » un texte de Tristan Tzara avec un échantillon de « I Got A Woman » de Ray Charles pourrait attirer les amateurs de down tempo. Dans une interview donnée au Inrocks, Jaar considère « Space Is Only Noise If You Can See » comme le single pop tubesque de l’album, celui qui sera le plus téléchargé, le garçon ne se fait pas trop d’illusions quant à la manière dont le public «consomme» la musique aujourd’hui. « Les gens ne se fatiguent plus à acheter un disque en entier et se contentent d’une chanson, alors je leur mâche le travail en glissant un titre immédiat dans un ensemble expérimental, difficile. » . C’est vrai, mais son disque n’est ni expérimental ni d’un abord difficile. C’est un album posé et hypnotique qui glorifie la lenteur.