INSIDE JOB
Harry Caine est gardien dans un centre commercial. Il traque les voleurs, les
regards louches, les comportements suspects. Mais au travers de son travail
( inside job ), Harry espère pouvoir retrouver l'assassin de
sa femme.
Depuis cet événement tragique, Harry ne vit plus, plus pour lui
en tout cas. Perpétuellement dans un état comateux, il est obnubilé
par cette disparition. Et d'éplucher inlassablement les faits divers
et les vidéos de surveillance où tout pixel devient un suspect
potentiel. Tout comme ce petit chalet, situé juste en face du sien, où
il n'a jamais vu personne entrer. Jusqu'au jour où…
Difficile de raconter l'histoire sans en dévoiler la chute. Inside
job est un film très étrange, à l'ambiance lourde
et triste. La prestation de John Turturro est (une fois de plus) exemplaire,
et il campe parfaitement le rôle de cet homme dont le seul but désormais
est de comprendre pourquoi sa femme n'est plus à ses côtés
que sous forme de rêve. Ce n'est qu'après cela qu'il pourra enfin
entamer son deuil.
Telle une caméra de surveillance, la caméra balaye lentement et
latéralement la rue, l'appartement, la vie de Harry. L'univers étrange
qui en émane n'est pas sans rappeler celui de Lynch ou de Kubrick, et
les couloirs de l'hôtel arpentés par John Turturro font immédiatement
penser à ceux qu'il avait déjà parcourus dans le mystérieux
Barton Fink des frères Coen. Les références à
Kubrick ne s'arrêtent pas là, puisque au générique
on retrouve, à la photo, Larry J. Smith qui avait déjà
orchestré sur Eyes wide shut et Barry Lyndon . Quant
au scénario, le réalisateur s'est associé à Hubert
Selby Jr, écrivain à succès, mais aussi scénariste
de Requiem for a dream et Last exit to Brooklyn .
On comprend alors encore plus difficilement que ce film n'ait pas été
distribué dans nos salles (à part une unique projection au cours
du 22 e Festival du Film Fantastique en 2004). Petite cerise sur le gâteau
(pour ceux qui aiment), la musique est signée Brian Eno.
(Brigitte Segers, Passage 44)