INTONOMANCY
Cet album des nouveaux hippies new-yorkais de NNBB rappelle avec beaucoup de
bonheur la fluidité psychédélique de certains disques de
Pink Floyd, période Ummagumma . Même si la musique verse
encore une fois dans l'étrange, hors du domaine de la chanson, l'espèce
d'hallucination, musicale et harmonieuse que nous vivons ici n'est pas du même
tonneau que celle du Volcano The Bear décrite précédemment.
Si l'ambiance de Idea of Wood était surréaliste et inquiétante,
les atmosphères prennent ici une allure plus souple, les perturbations
en sont pratiquement absentes. Les instruments (claviers, basse, percussions,
guitares, flûtes…) génèrent une sorte de bain de jouvence,
un massage intégral procurant une ivresse légère, sensuelle
et réparatrice : chacun concourt à une sorte d'harmonisation
des énergies. Le bien-être (qui se disloque un peu sur la fin de
l'album) est la somme d'approches instrumentales délicates, hétéroclites,
personnelles et libres mais décidées à ne libérer
qu'une seule et même grâce fragile. Un langage qui parle à
notre intimité, librement mais sans brutalité. À plusieurs
reprises, la musique frôle l'éclat, on sent que sous les chuchotements
il y a sans doute un volcan, mais jamais la bulle ne se brise. L'explosion,
banalisée, n'aura pas lieu.
Lors du concert No Music Festival au printemps 2004 à Hasselt,
l'atmosphère tenait beaucoup plus du rite de passage, de la transgression
des règles, sous forme de performance et de transe lors de laquelle la
créativité éclate et touche « physiquement »
le public.
( Pierre-Charles Offergeld , Liège)